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  • Photo du rédacteurNathalie986

Chapitre 9 - L'Unique

Cendre et la Vallée Oubliée


Après sa visite à Caleb et Lilith, Cendre s’était dirigée tout droit vers la maison de l’Ail. Il y avait de la lumière mais, curieusement, personne à l’intérieur et elle avait pourtant scruté les étages sous son apparence de chauve-souris.


Puis elle se rappela alors que chaque fois qu’il s’éclipsait pour se reposer dans sa crypte, Lestat empruntait toujours la porte arrière de la maison.

Heureusement que Caleb était curieux car, sans lui, elle n’aurait jamais su que le Duc était entré dans un état profond d’hibernation.


Elle n’avait donc pas réfléchi plus longtemps et avait décidé d’utiliser le même stratagème que Caleb : l’entrée vampirique. Le pouvoir était facile à maîtriser et ainsi, elle pourrait voir de ses propres yeux ce que le frère de Lilith avait vu et lui avait conté.


Lorsqu’elle pénétra dans la salle à manger, elle remarqua immédiatement l’urne abandonnée au milieu de la pièce, urne dont Caleb ne lui avait pas fait mention et qui n’avait aucune épitaphe. Cendre devina que ce devait être celle de la rousse à couettes. Pourquoi Lucas l’avait-il laissée là ?


Tout laissait à penser qu’il avait pris sa décision d’hiberner précipitamment. D’ailleurs, plus personne ne l’avait revu après cette nuit-là. Et vraisemblablement, la rousse et lui n’avaient pas atteint le seuil de la chambre ou de la crypte.


La jeune vampire emprunta alors la porte de derrière et c’est là qu’elle aperçut un escalier semblant mener à un sous-sol.

« Ce serait logique », pensa-t-elle. « Les cryptes sont toujours au sous-sol. Il doit être là. »


Elle était alors entrée dans la pièce. Le cercueil en était l’élément principal et une nuée violacée s’en échappait. Lucas était bien là et il hibernait, tout comme Caleb l’avait dit. Et il hibernait certainement depuis cette fameuse nuit où elle avait cru le prendre ne flagrant délit de trahison avec la rousse à couettes.


Ses pas tremblants la conduisirent jusqu’à la couche de Lestat et elle se mit à parler tout haut :

- Pourquoi as-tu fait cela ? A cause de ça, j’ai douté de toi et c’est un supplice sans fin de ne point te voir... Pourquoi Lucas ?


- Tout le monde m’a dit que je ne ressentirai plus rien une fois transformée, et toi le premier, mais c’est faux. Je pense sans cesse à toi, tu me manques. Tellement.

Cendre, qui n’avait presque plus d’émotions depuis sa transformation, se sentit ébranlée devant le cercueil de Lestat.


Elle s’était alors assise auprès de lui, espérant se confier à l’homme qu’elle avait tant aimé.

- Et puis, il n’y a pas que cela. J’ai trouvé une mixologue, Jesminder. Elle vit chez moi. Je n’en peux plus de sentir ses souffrances. Sa famille lui manque.


- Et mon garde-manger ? Un vrai mur des lamentations... Et pourtant, j’ai tellement de plaisir à m’abreuver de leur sang... Alors pourquoi ressens-je alors ces regains de culpabilité que je ne contrôle pas ? Pourquoi Lucas ? Tu pourrais m’aider à comprendre si u étais près de moi...


- J’aimerais tellement que tu me reviennes, que tu dissipes tous mes doutes...


- Sans toi, je me sens comme la jeune femme que j’étais en arrivant dans la vallée et ce soir, j’ai perdu ma force, face à toi. Parce que je n’ai cessé de t’aimer malgré tout.


Cendre s’était relevée. Elle savait qu’elle devait se ressaisir avant de retourner à la chapelle. Là-bas, elle ne pourrait pas se permettre de flancher. Elle devrait être forte et puissante face à tous.

C’est alors qu’elle entendit une voix, une voix qu’elle connaissait bien...


- Cendre...

Non, elle ne l’entendit pas, elle était dans son esprit. Sa voix... Le son était étrange mais elle sut... Elle sut que Lucas voulait communiquer avec elle


- Tu dois faire ce que tu as à faire. Ne tiens pas compte de moi... Notre amour existera mais plus tard... Un jour... Sois forte.


Puis elle ne discerna plus rien. Seule la nuée violette qui s’échappait du cercueil de Lestat avait pu lui faire croire un instant qu’il avait été là.


Elle avait attendu un moment, espérant entendre une nouvelle fois la voix de Lestat, puis était remontée à l’étage.

« Je t’aime, mon amour, oh oui, je t’aime et je serai forte pour toi mais aussi pour Vlad. Car, quoiqu’il arrive plus tard, je ne pourrai plus trahir Vladislaus. Il est aussi mon ami et ma force, tout comme toi. Tant de choses se sont passées depuis que tu as hiberné... »


Elle faillit hurler sa détresse tant tout cela lui paraissait insupportable mais elle se ressaisit, bien que difficilement. Sa grossesse la rendait un peu trop vulnérable et il fallait qu’elle parte, de toute façon. La maison de l’Ail portait bien son nom et elle ne pourrait pas y survivre longtemps, surtout avec un bébé dans le ventre.


Cette nuit-là, Cendre s’était ensuite réfugiée dans sa crypte et avait contemplé ce tableau de la maison de l’Ail qu’elle n’avait jamais terminé, ce tableau qui représentait tout pour elle.


Elle le décrocha du mur et le posa sur son chevalet, dehors, face à la maison de Lestat, en pleine tempête de neige annoncée. Mais elle s’en moquait. Cette nuit, elle finirait de peindre sa toile.


Et elle l’avait finie. La maison de Lucas était là, sous ses yeux, telle qu’elle se la rappelait. Un nid d’amour à une époque où l’ail ne la faisait pas autant souffrir, à une époque où elle peignait encore en plein jour sans craindre de brûler vive.


Le jour allait bientôt se lever et Cendre était fatiguée. Les dernières révélations de la nuit l’avaient exténuée mais, avant d’aller se coucher, elle encadra et raccrocha la toile achevée.


Elle savait à présent que Lestat l’avait toujours aimée et que jamais il ne l’avait trahie. Alors, même s’il avait choisi d’hiberner pour des années, il serait sa force et elle ne le décevrait pas.

« Tu dois faire ce que tu as à faire », avait-il dit. Et elle le ferait, avec, en plus, la certitude qu’il était à ses côtés.


Ce jour-là, Cendre s’endormit en sachant que non loin de là, dans la maison de l’Ail, Lucas pensait à elle.


Lorsqu’elle se réveilla le lendemain, Cendre se demanda si elle n’avait pas rêvé les propos de Lestat. Il fallait qu’elle en ait le cœur net. Elle se servit donc de la radio portative et appela Caleb pour lui demander de venir de toute urgence. Si quelqu’un pouvait l’éclairer sur ce qui s’était passé, c’était bien lui. L’homme était une véritable encyclopédie à lui tout seul sur le sujet des vampires.


Caleb était arrivé très vite, l’air inquiet.

- Qu’y a-t-il ? Quelque chose ne va pas avec le bébé ?

- Le bébé va très bien mais j’ai besoin de tes lumières.

- Oh ?


Il s’était servi un verre au bar puis avait écouté son amie.

- Je suis allée voir Lestat après que je sois partie de chez vous hier soir et il s’est passé un truc très étrange.

- Ah oui ? Hum, ce nectar est une pure merveille, c’est incroyable tout ce que l’on peut faire avec des plasmafruits !


- Oh, tu m’écoutes ?! Ce que j’ai à te dire est très sérieux.

- J’ai entendu. Il s’est passé un truc étrange. Qu’est-ce que tu as fait ? Tu as essayé de le réveiller pendant son hibernation ?


- Pas du tout. Je me suis approchée du cercueil puis j’ai entendu Lestat me parler.

- Il t’a parlé ? Tu es bien sûre ?


Caleb était allé reposer son verre.

- On ne peut pas dire qu’il me parlait réellement. C’était comme si j’entendais sa voix dans ma tête.

- Et que t’a-t-il dit ?

- De faire ce que j’avais à faire.


- Vous vous aimez, n’est-ce pas ?

- Arrête de dire n’importe quoi !


- Je vais t’expliquer. Les vampires peuvent lire dans les pensées des humains mais ne peuvent pas lire dans les pensées de leurs semblables sauf dans quelques cas particuliers seulement où nous pouvons communiquer entre nous par télépathie. Mais les cas sont de plus en plus rares. C’est ce qui t’est arrivé.

- De quels cas particuliers parles-tu ?


- De l’amour d’une mère avec son enfant, ou encore de l’amour entre deux vampires. Le vrai amour, j’entends. Nous, vampires, ne pouvons aimer qu’une seule fois au cours de notre vie éternelle. Un seul amour, l’Unique, comme nous l’appelons, et Lestat a trouvé en toi son Unique, apparemment. Et s’il a pu communiquer avec toi, c’est qu’il est aussi le tien.


- Très bien. Puisque tu as tout deviné, je ne vais pas te mentir. Je ne sais pas s’il est mon Unique, comme tu dis mais je sais que je l’aime. Et je t’en prie, mon ami, ne dévoile pas mon secret. Tu sais ce que je risque.


- Je ne le ferai pas. Je tiens bien trop à ton amitié pour cela et à celle de Lestat aussi.

- Tu crois que c’est pour cette raison qu’il a pu communiquer avec moi ?

- J’en suis sûr. Et lorsque tu maîtriseras suffisamment tes pouvoirs, tu pourras aussi communiquer avec lui.


- Nous pourrons donc discuter ? Même s’il hiberne ?

- En quelque sorte, oui. Et même s’il n’hiberne pas. Vous aurez la fortune incroyable de pouvoir vous parler sans que personne autour de vous ne sache ce que vous vous racontez.


- Vous avez de la chance. De toute ma longue vie, je n’ai pas encore croisé mon Unique.

- Caleb... Motus et bouche cousue, hein ? Tu ne parles de ça à personne.


 

Après le départ de son ami, Cendre aspira à aller se reposer dans sa crypte. Elle allait descendre l’escalier qui y menait lorsqu’il lui sembla entendre des bruits en provenance du garde-manger.


Elle s’approcha de la porte, bien décidée à entendre ce qui se passait de l’autre côté.


Jesminder, toujours aussi déterminée à libérer les prisonniers de Cendre, avait ouvert toutes les cellules, enfin presque toutes. Elle avait sciemment « oublié » d’ouvrir celle de Dirk Dreamer, qu’elle détestait au plus haut point.

Elle les avait tous réunis dans le couloir du garde-manger, leur faisant signe de ne pas dire un mot et de la suivre en silence.


Mais ce que Jesminder ignorait, c’est que Madame lisait dans les pensées. Et Madame Valrose, déçue par son comportement, avait rappelé Caleb, son ami fidèle, à la rescousse pour intercepter cette tentative d’évasion, elle-même ne pouvant pas sortir en plein jour.

Elle voulait voir jusqu’où pouvait aller sa servante. Cendre avait alors descendu l’escalier menant à sa crypte. Elle attendrait ici des nouvelles de Caleb mais elle avait déjà compris que Jess lui avait dérobé le trousseau de clés qu’elle avait imprudemment laissé dans l’un des tiroirs de la cuisine.


La myshunienne était donc arrivée sans encombre dans le vestibule, talonnée de près par Brant Hecking, Julia Wright et Clara Bjergsen. Elle les conduisait d’un pas ferme vers la chapelle et leur procurait, de par son enthousiasme, l’excitation nécessaire à une évasion réussie.


- Nous y voilà, les amis ! La porte de la chapelle... La sortie est juste là. Il fait déjà jour et Madame ne pourra pas nous suivre dehors car elle craint le soleil.

Clara semblait dubitative.

- Tu es sûre ? Je trouve que cette évasion est beaucoup trop facile.

- Moi aussi, enchérit Julia

Brant, lui, pensait à son mari, et tous les moyens qui pouvaient le ramener à lui étaient bons.

- Oui, j’en suis sûre. Elle ne se lève jamais avant onze heures et elle ne sait pas que j’ai ses clés.


Les quatre acolytes arrivèrent sans encombre jusqu’à la place et la traversèrent, mais lorsque qu’ils en franchirent les portes, Clara soupira un « Je vous l’avais dit ».

Trois vampires leur faisaient face et leurs visages n’étaient pas amicaux.

Jesminder stoppa nette leur avancée.


Ce fut le vidame de Montsimpa qui prit la parole.

- Où comptez-vous aller, humains ? Ne vous a-t-on pas dit qu’on ne sortait pas de cette ville ?


- Il n’y a aucune issue pour vous ici, rajouta Lilith en souriant.


Jesminder ne se laissa pas démonter. Elle avait entraîné les trois autres dans cette folle évasion et elle se devait de les sortir de là.

- Nous cherchions juste notre chemin. Peut-être pourriez-vous nous aider. Nous voulons juste quitter cette ville sans faire d’histoire.

Ses trois compagnons, eux, paraissaient de plus en plus inquiets et ne pipaient mot.



Ce fut Caleb qui lui répondit :

- Vous appartenez à Madame Valrose. Nous allons vous ramener chez elle et elle seule décidera de votre sort.


Lilith avait ensuite aidé son frère et le vidame à ramener les prisonniers récalcitrants dans leurs cellules respectives puis elle était rentrée chez elle, laissant les deux hommes s’entretenir avec Cendre.


Caleb s’était alors adressé à elle :

- C’est ta servante qui a tout manigancé. Je crois que tu le sais. Elle mérite d’être punie.

- Je le sais bien. Mais j’ai besoin d’elle et je ne peux pas la tuer.

- Et que comptez-vous faire alors ? questionna le vidame. Un tel affront ne peut pas rester impuni.


- Rassurez-vous, Timothée. J’ai ma petite idée sur la question et je pense que Jess ne commettra plus de pareilles folies.





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