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G4/ Chapitre 25 : les prisonniers


- Eh bien, nous revoilà ici !

- J’avoue que cet endroit ne me manquait pas. Allons demander à Franckie de nous ouvrir.


- Il nous a reconnus dis-donc !

- Heureusement ! C’est son métier. Sinon, on pourrait entrer au Donjon comme dans un moulin.


- Bonsoir Elsa !


- Bonsoir vous deux ! Comment ça va ?

- Très bien. Tu as un gros bisou de Céline !




- Au moins elle ne m’oublie pas.

- Ça ne risque pas. Elle parle de Charles et de toi tout le temps. Et les prisonniers ? On peut les interroger ?


- Pas encore, je le crains !

- Et comment ça se fait ? Nous sommes venus exprès ! s’énerva Bastien.


- Tout comme moi. Mais Stéphane n’a pas fini de les préparer.

- Depuis trois jours ?


- Ecoute, vois ça directement avec lui. Il est dans le quartier des hommes.

- Va le voir, Bastien. Moi, je vais aller retrouver Reine.


- Bonsoir Stéphane. Martin n’est pas dans sa cellule ?

- Il arrive. Il revient de désinfection.


- Vous n’êtes pas en avance sur le programme...

- Si, au contraire. Mais nous allons à petites doses pour commencer. Je ne veux pas les brusquer. Et puis, nous les avons rasés.


- Je vois ça. Sa crête a disparu.

- Un grand moment !


- Je peux lui parler ?

- Comme vous voulez mais enfermez-le quand vous partirez.


- Comptez-sur moi.

- Je vous laisse. A tout à l’heure.


- Où sont tes vêtements ?

- On me les rendra quand ils seront propres, m’a-t-on dit.


- Tu n’as pas froid ? On se gèle ici.

- Ça fait partie de leur plan pour nous rendre vulnérable. Mais qu’est-ce que ça peut te faire, de toute façon ?


- Faut qu’j’aille aux toilettes.

- Quoi, maintenant ?


- Tu peux même regarder si tu veux. Y’en a qui ne se gênent pas pour le faire.

- Ça n’est pas mon truc. Fais ce que tu as à faire.


- Tu voulais me parler pour quoi au juste ?

- Toujours la même chose. Je veux des aveux. Sur le fait que c’est toi qui as mis le contrat sur la tête de ces enfants.


- Tu m’accordes bien trop d’importance.


- Je ne crois pas ! Je sais que tu es le chef de cette bande d’assassins


- Tu ne sais rien du tout en réalité. Qui te dit que ce n’est pas Charlotte ? Ou même Houda ?

- Mon instinct ne me trompe jamais.


- Si ce n’était pas le cas, je serais mort depuis longtemps.

- Et qui te dit que tu ne vas pas mourir aujourd’hui, Vaughn ?


- Ça n’arrivera pas


- Pourtant, tu n’as pas fermé cette porte...


- Parce que tu ne peux rien faire. Les gardiens te tomberaient dessus en deux secondes. Mais surtout, je te tuerai avant.

- Espèce de connard !


- Oui je sais, ça énerve. Retourne dans ta cellule maintenant. Je vais fermer la porte.


 

De mon côté, j’étais allée retrouver Reine.

- Je sais que Baptiste va être furax, mais on n’a pas complètement fini...

- C’est ce que j’ai cru comprendre, mais il va s’en remettre ne t’en fais pas.


- J’espère. Je l’ai déjà vu en colère. Je n’ai pas envie de revivre ça.

- Il n’est pas méchant tu sais.


- Non mais il est très impressionnant. Tu te souviens quand on espérait toutes travailler avec lui ?


- Arrête de pioncer? Houda ! On a de la visite ! Reinette et la Bêcheuse sont là !

Reine et moi-même choisîmes d’ignorer la provocation :

- Je vais les habiller et les emmener au réfectoire. Tu peux déjà y aller si tu veux. Elsa doit être là-bas.


Lorsque j’arrivai à la cafétéria, Bastien était déjà en grande discussion avec Elsa.

- Je comprends ta position, se défendait ma belle-sœur. Moi aussi j’aurais préféré être chez moi ce soir.

- Bon, et bien n’en parlons plus.


Reine arriva ensuite, accompagnés des prisonniers, bientôt suivie de Stéphane.


- Allez-vous mettre à table ! ordonna-t-elle.


- Salut bêcheuse ! me lança Charlotte avant d’aller s’asseoir.

- Bonsoir Charlotte, lui répondis-je calmement. Bon appétit.

Houda, de son côté, s’employait à râler sur la nourriture qui lui était présentée :

- Mouais ! Je crois qu’on n’a pas le même menu que la table d’à côté...

- Laisse-moi ta place, Houda ! Je t’ai déjà dit que c’est la mienne.


- On mange et on se tait, invectiva Reine.


Charlotte maugréa tout de même :

- Ouais, ben si je ne vomis pas après ça, j’aurais de la chance...


- Je me casse. Je retourne dans ma cellule.

- Assieds-toi tout de suite, Roussel !


Au ton de la voix de Bastien, Charlotte se rassit immédiatement.

- Non mais elle se croit où ?

- C’est pour ça que je disais que la préparation n’était pas terminée, expliqua Stéphane.


A la fin du repas, il se leva en décrétant qu’il était temps de ramener les prisonniers dans leurs cellules.


Reine lui emboita le pas, suivie d’Houda et de Charlotte, tandis qu’Elsa nous proposait de nous rendre à la salle de détente.

- La salle de détente ?


- C’est un lieu réservé à tout le personnel de la prison.


- Je n’ai jamais vu une prison avec un tel endroit ! Il y a une cheminée, et même un bar...

- Parce que cette prison n’est pas tout à fait comme les autres... Nous sommes au Donjon.


Pendant que mon mari discutait du lieu avec Reine et Stéphane, Elsa et moi discutâmes ensemble d’un tout autre sujet. Elle eût juste le temps de me dire ce qu’elle envisageait...

- Il nous faudrait une stratégie avec les prisonniers. Stéphane n’en a aucune.


...que Stéphane s’assit à nos côtés. Nous en reparlerions forcément plus tard. Mon mixologue de mari s’était installé au bar.

- C’est vrai que cet endroit est extraordinaire lorsqu’on sait où on se trouve, dis-je.

- Cet endroit appartient à tout le personnel de la prison, des gardiens jusqu’au directeur, me répondit Reine.


- Et si vous veniez boire un bon verre de vin ?


- J’imagine que cet endroit permet de compenser les durs moments passés à travailler ici ?

- C’est tout à fait ça.

- Et heureusement que nous avons un tel havre de tranquillité.


- Tout cela n’a été possible que grâce à Stéphane.

- Tu me gênes, Reine, vraiment.


- Mais c’est la vérité ! Grâce à toi, les gardiens côtoient leur directeur, c’est-à-dire, toi. Et puis nous aussi, tes cadres exécutifs. Cela ne se faisait pas avant toi. Seuls le directeur et ses cadres y avaient accès.

- Reine !

- Ne fais pas ton timide Stéphane. Dis-leur ce que tu as fait, approuva Elsa.


- Quand je suis arrivé ici, j’ai trouvé des gardiens démotivés, exténués et déprimés, et des pratiques barbares sur les détenus. J’ai voulu changer cela. J’ai décidé que cette salle serait pour tous, et je ne le regrette pas. Rien de bien extraordinaire.

- Tu as bien fait d’insister pour qu’il parle... sourit Bastien à notre belle-sœur.


- Aujourd’hui, je connais tous mes gardiens, poursuivit Stéphane. De Franckie à Diego en passant par Hakim et tous les autres. Lorsque nous sommes ici, nous communiquons autrement et surtout, ils me disent ce qui ne va pas. Je les écoute.

- Nous avons donc un héros parmi nous, acclamai-je.


- Je rejoins le propos de Mathilde. Sans Stéphane, cette prison serait encore un lieu d’expériences horribles sur les prisonniers. Stéphane tu es un héros, lui dit Elsa.

Reine approuva également. Stéphane avait visiblement changé les choses au sein du Donjon.


Je lançai tout de même un pavé dans la mare :

- D’accord mais qu’en est-il de toutes ces bestioles vivantes conservées en bocaux ?

- Mathilde ! me reprit Bastien.

Stéphane n’essaya pas d’esquiver ma question et y répondit sincèrement :

- Elle a raison. Malheureusement, ma demande pour les détruire n’a pas été ratifiée...


- Vous voulez dire que vous avez fait une demande pour ça ?

- Oui. Au directeur de la S.I.M.S. en personne. Il est mon supérieur direct.


Bastien et moi échangeâmes un regard. Il suffirait juste qu’il y ait un autre directeur...


Puis la conversation prit une autre orientation. Stéphane proposa à mon mari d’aller voir la cellule d’isolement. Celui-ci accepta immédiatement.


La cellule d’isolement se trouvait deux étages plus hauts. Bastien me dit se rappeler qu’il n’en avait pas fini de grimper des escaliers.


Ils avaient ensuite longé un corridor aérien, complètement désert...


...avant d’arriver devant une porte sécurisée.


La cellule était là. Enfin, plutôt une pièce avec une cellule et une table d’interrogatoire.


Mon mari s’était approché de la cellule et avait alors constaté :

- Il n’y a qu’une chaise et un toilette là-dedans. Où sont le lit et le lavabo ?

- Il n’y en a pas. C’est une cellule d’isolement.


- Vous voulez dire que les détenus n’ont même pas le droit à un lit ?


- Agent Vaughn, je vais être clair. Si je leur mets un lit, où est la différence avec leur cellule ? Vous êtes agent de diamant, non ? Je ne comprends pas votre étonnement...

- Oui vous avez raison. Je m’égare parfois.


- Cette cellule d’isolement est parfaite.

- Bien sûr qu’elle l’est.


Bastien me dira ensuite qu’à force d’entendre mes lamentations sur les conditions de vie des détenus dans cette prison, il avait regardé les choses à ma manière et non à la sienne. Le plus dramatique, c’est qu’il risquait sa place sur des détails comme celui-là.

Pendant ce temps, loin d’imaginer cette conversation, je discutais tranquillement avec Reine et Elsa.

- Il nous faudrait une stratégie d’interrogatoire. Je propose que nous fassions croire aux prisonniers que les anciennes installations sont toujours opérationnelles, disait ma belle-sœur

Reine approuva :

- Cela les inciterait peut-être à parler...

- C’est vrai qu’on ne sait toujours pas si on a eu toute la bande, m’inquiétai-je.



- En effet. Il ne faut jamais jurer de rien.

- Surtout avec ces gens-là.


Le son du portable d’Elsa emplit soudainement toute la pièce :

- Tiens... C’est un appel de l’Agence.

- En général, ils n’appellent jamais pour rien, surtout à une heure pareille, lui dis-je.


Ma belle-sœur décrocha tandis que Reine et moi nous demandions de quoi il pouvait bien s’agir.


- Alors ? lui demanda Reine à peine eut-elle raccroché.

- La police a déterré trois cadavres sur un terrain d’Oasis Spring. C’est mon équipe du commissariat qui est sur place.


- L’Agence veut que j’aille sur place superviser l’affaire en tant qu’inspecteur. Ils soupçonnent quelque chose.

- Mais quoi ?


- Aucune idée, Reine. Ils sont restés très vagues. J'imagine que j'en saurai plus, une fois sur place.


- Allez, à plus tard. Rentre vite chez toi. Moi, je sens que j’en ai encore pour une bonne partie de la nuit.


- Bon courage, Elsa !


- Trois cadavres ! s’exclama Reine.

- Oui... et je me demande en quoi l’Agence est concernée.


- Ça ne doit pas être une simple affaire criminelle...

- Ça me paraît évident.


- Nous verrons bien. Tu sais quoi ? Je voudrais profiter que Stéphane ne soit pas là pour te remercier une nouvelle fois de ce que tu as fait pour ma famille.


- Rentrer au B.P.E.H. n’a pas dû être un choix facile...

- Bien sûr que si, au contraire ! Quand Bastien est venu me trouver, cela m’est apparu comme une évidence.


- Tu préférais de loin le travail de bureau, si je me souviens bien.

- Je le préfère toujours. Mais à l’époque, je n’ai pas hésité une seconde. Nous sommes amies, non ?


- Oui, et tu es la seule que j’ai.

- Et puis, honnêtement, lorsque nous en aurons fini avec tout ça, je reprendrai mon travail de bureau.


- Tu vas quitter le B.P.E.H ?

- Surtout pas. J’adore l’histoire de ta famille, et je veux continuer à veiller à ta protection, et à celle de Linette. Il me semble essentiel que le monde redevienne tel qu’il était à l’origine.


- C’est un honneur immense que nous avons de pouvoir le rétablir.


- C’est pour cette raison que je vais rester. En plus, tout le travail qui est fait autour de cela est passionnant.

- Vraiment ?


- C’est tout ce que j’aime ! Du travail d’observation, de l’enregistrement de données, des comparaisons, des analyses. J’ai hâte que Linette devienne adulte pour analyser les changements qui se seront produits.

- Et bien moi, je ne suis pas pressée...


- Tu es sa mère... Moi, j’ai une autre vision des choses, c’est sûr.

- Nous devrions changer de sujet. J’entends des bruits de pas et des voix...


- C’est vrai que Stéphane n’est pas au courant de ta véritable identité.


- Ça marche. Demain, vingt-deux heures trente, disait Bastien à Stéphane.

- Je compte sur vous.

- Moi aussi.


- Allez viens ma chérie. On rentre à la maison, me dit-il en me déposant un baiser sur la joue.


 

- Je ne suis pas mécontent d’être rentré. Dire qu’on est allé une nouvelle fois là-bas pour rien.


- Qu’est-ce qu’il y a ? ça ne va pas, ma chérie ?

- Si. C’est juste cette prison. Elle me déprime.


- Elle me déprime aussi. C’est pour ça que je ne te parlerai pas de ma visite de la cellule d’isolement.

- Plus tard, je préfère. J’ai entendu qu’on devait y retourner demain ?


- A vingt-deux-heures-trente pour les interrogatoires.

- Cela ne va pas être une partie de plaisir.


- Non mais ça ira. Tu vas assurer, je le sais.


- Je le sais aussi, mais heureusement que tu es là.


- Au fait, il faut que je te dise quand même une chose. J’ai eu un appel d’Elsa.

- A propos des trois cadavres ?


- Oui. Toute une famille. Le père, la mère et un petit garçon de six ans. Ils ont été sauvagement tués. On a retrouvé les ADN de Martin et Roussel sur leurs corps. Les meurtres datent d’il y a une dizaine d’années.

- Quelle horreur ! Allons voir si les filles vont bien. J’ai envie de passer à autre chose pour ce soir.


- Tu as raison. Cela nous fera du bien.


Les filles jouaient tranquillement à un jeu vidéo sur la console du salon.


- Tu crois qu’elles nous ont entendu arriver ?


- Je dirais que oui mais elles sont probablement trop concentrées pour nous adresser la parole.

- Ou même nous dire bonsoir !


- C’est pas vrai ! Bonsoir Maman et Papa ! J’ai passé une super soirée !


- Linette ! Pourquoi tu t’es plantée devant moi ! Tu m’as fait perdre !

- Oups !


- Bon ben j’éteins tout, voilà !

- Quand vous êtes partis tout à l’heure, on est allé cueillir des champignons !


- Je les ai mis au frigo, me dit Céline.

- Tu verrais comme ils sont gros, Maman !

- C’est génial. Je nous en ferai un petit ragoût.

Quel bonheur de pouvoir parler de choses aussi banales que des champignons.


- Mais en attendant, il va falloir penser à te coucher jeune fille.

- Je crois que je vais y aller aussi.


- Mais moi j’ai pas très sommeil, supplia Linette.

- Tu n’as pas le choix. Il est déjà tard.

Si seulement mon seul problème pouvait être d’inciter ma fille à respecter l’heure du coucher...


- Je pourrais dormir avec toi dans ton lit, Céline ?

- Ouh la ! A une condition. Tu dors ! Moi j’ai envie de dormir, et je ne tiens pas à avoir la java à côté de moi ! Sinon je te renvoie dans ton lit.


Les filles ne tardèrent pas à monter et nous fîmes de même.

- Je n’ai pas très envie de dormir...

- Ah bon ? Et tu as une meilleure idée ?


- Oh oui !


Je me levai au milieu de la nuit en repensant au massacre de cette famille des mains de Charlotte et de Sébastien Martin. Nous l’avions échappé belle. J’allai voir les filles. Elles dormaient paisiblement et je les enviais beaucoup. Avec la vie que nous menions en ce moment, Bastien et moi, j’étais éreintée. Malheureusement, j’avais également énormément de mal à trouver le sommeil.

Nous avions bien fait de mettre nos enfants à l'abri...


Je retournai quand même me coucher. Bastien dormait à poings fermés.


Je ne sais pas comment il faisait mais il y arrivait. Sûrement sa nature masculine... ou peut-être réussissait-il mieux que moi, à compartimenter ses vies personnelle et professionnelle.


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