Nathalie986
G5/ Chapitre 14 : Un passé qui disparait
De retour à la maison, après l’anniversaire de Cassandre...
- C’était vraiment une très belle fête. Les enfants se sont beaucoup amusés.

- C’est vrai mais il y en avait beaucoup ! Pourquoi les enfants ne savent-ils que crier ? Les parents ne leur apprennent donc-t-ils pas à parler, tout simplement ?
- Cela reste un grand mystère mon amour...

- Ils ont le don de me rendre fou ! Heureusement qu’ils ont fini par me laisser tout seul dans la piscine.
- Ne t’en fais pas. Tous ces enfants vont bientôt grandir, et ce ne sera qu’un mauvais souvenir.

- Tu as raison ma chérie. J’ai tellement envie de t’embrasser langoureusement, là, tout de suite...
- Moi aussi, mon amour.

- Euh... je suis toujours là, les parents...
- J’ai l’impression que ce sera pour une autre fois...
- Oui, je crois...

Cassandre vint s’assoir avec nous...








Le week-end était déjà terminé. Cassandre allait me quitter pour son premier jour de lycée. Jules était déjà parti pour la boulangerie. Il se levait toujours très tôt, pour préparer le pain.
- Alors, ça y est ? On y est ?
- Oui Mamounette.

- Est-ce que tu as toutes tes affaires ? Tu as fait le point ?
- Bien sûr, ne t’inquiète pas.

- Et tu as bien pris ton déjeuner, hein ? Je l’avais mis dans un sac en papier, au réfrigérateur.
- Oui, Mamounette, je l’ai pris...

- Tu es sûre ? Parce qu’il ne faudrait pas que tu restes l’estomac vide toute la journée.
- Je crois que tu te fais beaucoup trop de soucis, ma p’tite Maman.

- Tout va bien se passer, je t’assure.
- Je le sais mais je suis ta mère. Accepte mes recommandations, s’il te plaît.
- Je t’aime Mamounette.

Je la regardai partir, le cœur serré. Comme elle avait grandi ! Allait-elle s’en sortir dans ce monde ?

Lorsque Cassandre s’en alla, je me mis à jouer frénétiquement du piano.

Je voulais oublier l’angoisse qui était la mienne de voir partir ma fille pour son premier jour de lycée.

Dans la journée, je passai aider Jules à la boulangerie puis je revins m’occuper de quelques tâches ménagères, avant de me remettre sur ma biographie.

J’entendis alors des voix provenant de l’extérieur :


- Quelle journée ! La boulangerie n’a pas désempli !
- Comment se fait-il que Cassandre et Isabelle soient avec toi ?

- Elles sont venues à la boulangerie. J’étais en train de fermer.

- Elles étaient affamées. Elles ont embarqué des croissants et des mini-cakes !
- Tu as bien fait de les leur donner. De toute façon, ce serait passé en pertes et profits.
- C’est sûr ! Et je ne suis pas de taille à lutter contre deux ados réclamant un goûter !




Nous rejoignîmes les filles...






Et il vint l’heure pour Isabelle de partir...









Nous constatâmes très vite que la cuisine n’était pas une lubie passagère pour Cassandre. Deux soirs par semaine, elle nous quittait pour assister à ses cours.

Elle s’était mise à nous faire à manger et, bien qu’elle eût besoin des conseils de son père…

... ou des miens, elle était particulièrement douée.

En plus de ses cours, elle lisait beaucoup de livres sur le sujet...

...surfait sur le web à la recherche de nouvelles astuces culinaires...

...et passait beaucoup de temps sur Cuisine TV. Je ne la voyais pas beaucoup faire ses devoirs...

Ce soir-là, c’était une grande première pour moi.

Le Pan Europa m’avait embauchée comme DJ pour la soirée, mes compétences en la matière étant dorénavant plus aguerries.

Le problème est que je n’arrivais pas à attirer beaucoup de monde sur la piste de danse...

Jules et mes amis se mirent donc à faire le show.

Même Céline se mit de la partie avec un spectacle solo.

Et ça fonctionna. Les danseurs commencèrent à arriver. Je me sentis un peu plus rassurée.

Quelle pression tout de même ! Être responsable de l’ambiance dans cette grande discothèque !

Certains vinrent même me demander des morceaux particuliers que je leur mixais avec joie.

Tout le monde avait l’air de s’amuser, pour mon plus grand bonheur.

Cette première soirée d’animation restera à tout jamais dans ma mémoire.

Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin et il arrive toujours un moment où la discothèque doit fermer...

Je me précipitai alors vers Jules, pour laisser retomber tout cette pression accumulée, et il me serra contre lui :
- Tu as été formidable ma chérie.

Ce jour-là, peu de temps après son retour du lycée, Cassandre était encore en train de cuisiner.
- Qu’est-ce que tu fais ?
- Je teste une nouvelle recette de ragoût à la tomate et au vin rouge. Je l’ai enregistrée sur mon téléphone.

- Tu viens à peine de rentrer...
- Je sais mais j’ai pensé à cette recette toute la journée.

- Tu n’as pas autre chose à penser quand tu es en cours ?
- Si, mais si je veux devenir chef cuisinier, il faut quand même que je pense à cuisiner !

- Peut-être mais si tu es nulle au lycée, tu ne seras embauchée nulle part.
- Mamounette, je ne suis pas nulle au lycée !

- J’aimerais quand même que tu t’occupes de tes devoirs.

Jules, qui était assis plus loin, à regarder la télévision, ne perdit rien de notre conversation.

Je le vis s’approcher d’un pas décidé.
- Qu’est-ce que j’entends ? Les devoirs ne sont pas encore faits ?

- Je n’en ai pas l’impression... lui répondis-je

- C’est un monde, ça ! Cassandre ?
- Attends une seconde, Papa.

- Non, je n’attends pas ! Je suis ton père et tu vas m’écouter.

- Tu vas laisser ce plat, et tu vas aller faire tes devoirs tout de suite, c’est clair ?
- Mais il va s’abîmer...

- Et dorénavant, tu n’auras plus accès à la cuisine tant que les devoirs ne seront pas faits.
Jules était vraiment contrarié.

- On y va, dit-il à Cassandre. Maman va s’occuper de mettre ta préparation au frigo.

J’étais soulagée de voir que Jules avait pris les choses en main. Je mis la préparation de Cassandre au réfrigérateur et entrepris de nettoyer le plan de travail, tandis que Jules resta près de notre fille.
- Allez ! Je sais que tu es fâchée mais essaye d’y mettre de la bonne volonté.
- Ouais...

- Voilà, c’est mieux. N’hésite pas à me demander si tu as besoin d’aide. Je reste là, lui dit-il.

Jules resta effectivement près d’elle jusqu’à ce qu’elle ait fini, et il l’aida aussi beaucoup.
- Et ben voilà, ça n’était pas si compliqué et ça n’a pas pris tant que ça de temps.
- C’est vrai.

- Tu sais, ma chérie, je ne fais pas ça pour t’embêter, mais plus tu réussiras au lycée, et plus tu auras de chance d’entreprendre ce que tu veux dans la vie, et à un plus haut niveau.
- Je le sais bien... mais je n’aime pas les devoirs...

Elle alla tout de même faire un câlin à son père :
- Je t’aime, mon p’tit papa.

La semaine suivante, Cassandre et moi allâmes dîner entre filles, au restaurant avec les cousines, tandis que Jules se faisait un petit repas à la maison avec Clément.














Le repas s’acheva gaiement, comme chaque fois que je sortais avec mes cousines.

Le lendemain, au petit déjeuner...
Jules était déjà parti pour la boulangerie. J’avais décidé de me remettre un peu au régime, et pourquoi pas au sport, que j’avais arrêté quinze jours auparavant.
- Mamounette, tu devrais prendre un cookie.
- Je n’ai pas très faim ce matin, ma chérie.

- Ce n’est pas vrai. Dans mes cours, j’ai appris à repérer les comportement tels que le tien, et je mettrais ma main à couper que tu veux faire un régime !

- Peut-être bien. Mais je ne veux pas de cookies de toute façon.
- Au lieu de te priver de manger, tu ferais mieux de reprendre le sport.

- Pour quoi faire ? Ça me donne mal partout et les résultats sont néants.
- Ce n’est pas vrai. Tu as nettement moins de ventre qu’avant.

- Oui, mais tu as vu mes fesses ? Elles sont énormes !
- Mais qu’est-ce que tu racontes ?! Tu es super bien foutue, avec des formes exactement là où il en faut !

- Mais ton père m’a connue un peu plus reluisante que ça !
- Excuse-moi de te dire ça Mamounette, mais ça devient franchement débile. Papa t’aime. Il ne se pose pas toutes ces questions.

- Héhé ! Je rigole peut-être mais c’est parce qu’à ton âge, on est crédule. Les hommes aiment les femmes bien faites.
- D’accord, comme tu veux. Alors je te propose une chose. Dorénavant, c’est moi qui ferais tous nos repas. Ils seront sains et adaptés à ce que tu veux comme résultat. Mais tu dois me promettre de faire du sport.

- Je te le promets.
- Super. Je suis sûre que tu vas réussir à atteindre le résultat que tu veux. Et au moins, tu ne seras pas dénutrie. Fais-moi confiance.

- Je te fais confiance.
- Parfait ! Je vais me préparer pour l’école maintenant.

Cassandre vint ensuite me rejoindre au salon :
- Tu sais, Mamounette, la cuisine, c’est vraiment une passion pour moi ! J’aime tellement ça. J’espère que je pourrai en faire mon métier.
- Si tu t’en donnes les moyens, tu y arriveras, j’en suis certaine.

- Oui, je sais. Il faut que je bosse aussi au lycée.
- C’est clair, parce que je n’ai pas l’impression que tu veuilles rester une petite cuisinière toute ta vie.

- Et tu vas arriver à ce que tu veux !
- Tu as raison. Bon allez, je file !

Dès le départ de ma fille, je m’employai donc à retrouver mon ami, le tapis de course...

Je peinai ensuite, comme toujours, sur l’appareil à charge guidée...

Après une bonne douche, j’étais fin prête pour rejoindre mon Jules à la boulangerie et, lorsque j’arrivai là-bas, je fus heureuse de constater qu’il y avait du monde.

La première chose que je vis est que la décoration murale avait changé : il y avait des photos de brioches et de pain, des affiches sur la pâtisserie... J’étais comblée.

Je m’’empressai alors de remercier Louis, Éric et Karl :
- Merci beaucoup ! Vous avez fait un travail formidable.

Je constatai aussi que Céline était là, tout comme Corentin et son ami Aldéric.

Cassandre arriva, comme prévu, après le lycée pour nous aider, et elle se mit tout de suite au travail.

A la fin de la journée, nous n’étions plus que tous les trois, Jules, Cassandre et moi.




- Voyons les choses en face, leur dis-je. La plupart de nos clients sont des habitués, quand ce ne sont pas les amis, ou la famille.

- Il nous faut cibler une autre clientèle.
- Et tu as une idée pour faire ça ?
- Oh oui ! J’en ai même une idée bien précise ! Je pense que je vais faire une campagne de publicité.
- Je trouve que c’est génial ! s’enthousiasma Cassandre. Quels supports penses-tu utiliser ?
- La télévision et le web.

Après avoir, laissé mon mari et ma fille, bouches bées, à cette annonce qu’ils trouvaient fantastique, je me rendis à la cuisine, pour mettre le dernier lave-vaisselle à tourner.
Mon portable se mit à vibrer.

C’était Lucie. Elle avait essayé de me joindre à plusieurs reprises.

Je la rappelai aussitôt. Lorsque j’eus raccroché, j’étais sous le choc. Je savais que ce moment arriverait un jour, mais j’avais espéré qu’il viendrait le plus tard possible. Emilie était décédée.

Je prévins Jules et Cassandre, puis filai chez Lucie. Quelle douleur. Je n’arrivai pas à imaginer cette maison sans Emilie !

Lucie vint à ma rencontre.
- Linette, tu es là...

Louis la suivait de près. Elle avait l’air si triste qu’elle semblait avoir pris dix ans d’un coup.

Nous nous prîmes dans les bras l’une de l’autre, pleurant silencieusement.

Puis il fallut malheureusement faire le point sur des détails pratiques. Nous convînmes d’enterrer Emilie dès le lendemain. Louis aussi était complètement abattu.

l n’arrivait pas à accepter le départ prématuré de ma cousine alors qu’ils nageaient, la veille, en plein bonheur.
- Elle était si dynamique, si pleine de vie...
Seulement l’âge était là... et je me pris à penser à la différence d’âge qu’il y avait entre Jules et moi.

Lorsque j’arrivai à la maison, l’ambiance n’était pas mieux. Jules était en train de consoler Cassandre.

- Nous étions au restaurant avec elle, il n’y a pas longtemps. Elle avait l’air bien pourtant.

Les paroles de Cass me fendirent le cœur....
Jules m’entendit hoqueter et se précipita vers moi pour me prendre dans ses bras.