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G5/ Chapitre 14 : Un passé qui disparait


De retour à la maison, après l’anniversaire de Cassandre...

- C’était vraiment une très belle fête. Les enfants se sont beaucoup amusés.


- C’est vrai mais il y en avait beaucoup ! Pourquoi les enfants ne savent-ils que crier ? Les parents ne leur apprennent donc-t-ils pas à parler, tout simplement ?

- Cela reste un grand mystère mon amour...


- Ils ont le don de me rendre fou ! Heureusement qu’ils ont fini par me laisser tout seul dans la piscine.

- Ne t’en fais pas. Tous ces enfants vont bientôt grandir, et ce ne sera qu’un mauvais souvenir.


- Tu as raison ma chérie. J’ai tellement envie de t’embrasser langoureusement, là, tout de suite...

- Moi aussi, mon amour.


- Euh... je suis toujours là, les parents...

- J’ai l’impression que ce sera pour une autre fois...

- Oui, je crois...


Cassandre vint s’assoir avec nous...


Le week-end était déjà terminé. Cassandre allait me quitter pour son premier jour de lycée. Jules était déjà parti pour la boulangerie. Il se levait toujours très tôt, pour préparer le pain.

- Alors, ça y est ? On y est ?

- Oui Mamounette.


- Est-ce que tu as toutes tes affaires ? Tu as fait le point ?

- Bien sûr, ne t’inquiète pas.


- Et tu as bien pris ton déjeuner, hein ? Je l’avais mis dans un sac en papier, au réfrigérateur.

- Oui, Mamounette, je l’ai pris...


- Tu es sûre ? Parce qu’il ne faudrait pas que tu restes l’estomac vide toute la journée.

- Je crois que tu te fais beaucoup trop de soucis, ma p’tite Maman.


- Tout va bien se passer, je t’assure.

- Je le sais mais je suis ta mère. Accepte mes recommandations, s’il te plaît.

- Je t’aime Mamounette.


Je la regardai partir, le cœur serré. Comme elle avait grandi ! Allait-elle s’en sortir dans ce monde ?


Lorsque Cassandre s’en alla, je me mis à jouer frénétiquement du piano.


Je voulais oublier l’angoisse qui était la mienne de voir partir ma fille pour son premier jour de lycée.


Dans la journée, je passai aider Jules à la boulangerie puis je revins m’occuper de quelques tâches ménagères, avant de me remettre sur ma biographie.


J’entendis alors des voix provenant de l’extérieur :


- Quelle journée ! La boulangerie n’a pas désempli !

- Comment se fait-il que Cassandre et Isabelle soient avec toi ?


- Elles sont venues à la boulangerie. J’étais en train de fermer.


- Elles étaient affamées. Elles ont embarqué des croissants et des mini-cakes !

- Tu as bien fait de les leur donner. De toute façon, ce serait passé en pertes et profits.

- C’est sûr ! Et je ne suis pas de taille à lutter contre deux ados réclamant un goûter !


Nous rejoignîmes les filles...


Et il vint l’heure pour Isabelle de partir...


Nous constatâmes très vite que la cuisine n’était pas une lubie passagère pour Cassandre. Deux soirs par semaine, elle nous quittait pour assister à ses cours.


Elle s’était mise à nous faire à manger et, bien qu’elle eût besoin des conseils de son père…


... ou des miens, elle était particulièrement douée.


En plus de ses cours, elle lisait beaucoup de livres sur le sujet...


...surfait sur le web à la recherche de nouvelles astuces culinaires...


...et passait beaucoup de temps sur Cuisine TV. Je ne la voyais pas beaucoup faire ses devoirs...


 

Ce soir-là, c’était une grande première pour moi.


Le Pan Europa m’avait embauchée comme DJ pour la soirée, mes compétences en la matière étant dorénavant plus aguerries.


Le problème est que je n’arrivais pas à attirer beaucoup de monde sur la piste de danse...


Jules et mes amis se mirent donc à faire le show.


Même Céline se mit de la partie avec un spectacle solo.


Et ça fonctionna. Les danseurs commencèrent à arriver. Je me sentis un peu plus rassurée.


Quelle pression tout de même ! Être responsable de l’ambiance dans cette grande discothèque !


Certains vinrent même me demander des morceaux particuliers que je leur mixais avec joie.


Tout le monde avait l’air de s’amuser, pour mon plus grand bonheur.


Cette première soirée d’animation restera à tout jamais dans ma mémoire.


Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin et il arrive toujours un moment où la discothèque doit fermer...


Je me précipitai alors vers Jules, pour laisser retomber tout cette pression accumulée, et il me serra contre lui :

- Tu as été formidable ma chérie.


 

Ce jour-là, peu de temps après son retour du lycée, Cassandre était encore en train de cuisiner.

- Qu’est-ce que tu fais ?

- Je teste une nouvelle recette de ragoût à la tomate et au vin rouge. Je l’ai enregistrée sur mon téléphone.


- Tu viens à peine de rentrer...

- Je sais mais j’ai pensé à cette recette toute la journée.


- Tu n’as pas autre chose à penser quand tu es en cours ?

- Si, mais si je veux devenir chef cuisinier, il faut quand même que je pense à cuisiner !


- Peut-être mais si tu es nulle au lycée, tu ne seras embauchée nulle part.

- Mamounette, je ne suis pas nulle au lycée !


- J’aimerais quand même que tu t’occupes de tes devoirs.


Jules, qui était assis plus loin, à regarder la télévision, ne perdit rien de notre conversation.


Je le vis s’approcher d’un pas décidé.

- Qu’est-ce que j’entends ? Les devoirs ne sont pas encore faits ?


- Je n’en ai pas l’impression... lui répondis-je


- C’est un monde, ça ! Cassandre ?

- Attends une seconde, Papa.


- Non, je n’attends pas ! Je suis ton père et tu vas m’écouter.


- Tu vas laisser ce plat, et tu vas aller faire tes devoirs tout de suite, c’est clair ?

- Mais il va s’abîmer...


- Et dorénavant, tu n’auras plus accès à la cuisine tant que les devoirs ne seront pas faits.

Jules était vraiment contrarié.


- On y va, dit-il à Cassandre. Maman va s’occuper de mettre ta préparation au frigo.


J’étais soulagée de voir que Jules avait pris les choses en main. Je mis la préparation de Cassandre au réfrigérateur et entrepris de nettoyer le plan de travail, tandis que Jules resta près de notre fille.

- Allez ! Je sais que tu es fâchée mais essaye d’y mettre de la bonne volonté.

- Ouais...


- Voilà, c’est mieux. N’hésite pas à me demander si tu as besoin d’aide. Je reste là, lui dit-il.


Jules resta effectivement près d’elle jusqu’à ce qu’elle ait fini, et il l’aida aussi beaucoup.

- Et ben voilà, ça n’était pas si compliqué et ça n’a pas pris tant que ça de temps.

- C’est vrai.


- Tu sais, ma chérie, je ne fais pas ça pour t’embêter, mais plus tu réussiras au lycée, et plus tu auras de chance d’entreprendre ce que tu veux dans la vie, et à un plus haut niveau.

- Je le sais bien... mais je n’aime pas les devoirs...


Elle alla tout de même faire un câlin à son père :

- Je t’aime, mon p’tit papa.


 

La semaine suivante, Cassandre et moi allâmes dîner entre filles, au restaurant avec les cousines, tandis que Jules se faisait un petit repas à la maison avec Clément.


Le repas s’acheva gaiement, comme chaque fois que je sortais avec mes cousines.


Le lendemain, au petit déjeuner...

Jules était déjà parti pour la boulangerie. J’avais décidé de me remettre un peu au régime, et pourquoi pas au sport, que j’avais arrêté quinze jours auparavant.

- Mamounette, tu devrais prendre un cookie.

- Je n’ai pas très faim ce matin, ma chérie.


- Ce n’est pas vrai. Dans mes cours, j’ai appris à repérer les comportement tels que le tien, et je mettrais ma main à couper que tu veux faire un régime !


- Peut-être bien. Mais je ne veux pas de cookies de toute façon.

- Au lieu de te priver de manger, tu ferais mieux de reprendre le sport.


- Pour quoi faire ? Ça me donne mal partout et les résultats sont néants.

- Ce n’est pas vrai. Tu as nettement moins de ventre qu’avant.


- Oui, mais tu as vu mes fesses ? Elles sont énormes !

- Mais qu’est-ce que tu racontes ?! Tu es super bien foutue, avec des formes exactement là où il en faut !


- Mais ton père m’a connue un peu plus reluisante que ça !

- Excuse-moi de te dire ça Mamounette, mais ça devient franchement débile. Papa t’aime. Il ne se pose pas toutes ces questions.


- Héhé ! Je rigole peut-être mais c’est parce qu’à ton âge, on est crédule. Les hommes aiment les femmes bien faites.

- D’accord, comme tu veux. Alors je te propose une chose. Dorénavant, c’est moi qui ferais tous nos repas. Ils seront sains et adaptés à ce que tu veux comme résultat. Mais tu dois me promettre de faire du sport.


- Je te le promets.

- Super. Je suis sûre que tu vas réussir à atteindre le résultat que tu veux. Et au moins, tu ne seras pas dénutrie. Fais-moi confiance.


- Je te fais confiance.

- Parfait ! Je vais me préparer pour l’école maintenant.


Cassandre vint ensuite me rejoindre au salon :

- Tu sais, Mamounette, la cuisine, c’est vraiment une passion pour moi ! J’aime tellement ça. J’espère que je pourrai en faire mon métier.

- Si tu t’en donnes les moyens, tu y arriveras, j’en suis certaine.


- Oui, je sais. Il faut que je bosse aussi au lycée.

- C’est clair, parce que je n’ai pas l’impression que tu veuilles rester une petite cuisinière toute ta vie.


- Et tu vas arriver à ce que tu veux !

- Tu as raison. Bon allez, je file !


Dès le départ de ma fille, je m’employai donc à retrouver mon ami, le tapis de course...


Je peinai ensuite, comme toujours, sur l’appareil à charge guidée...


Après une bonne douche, j’étais fin prête pour rejoindre mon Jules à la boulangerie et, lorsque j’arrivai là-bas, je fus heureuse de constater qu’il y avait du monde.


La première chose que je vis est que la décoration murale avait changé : il y avait des photos de brioches et de pain, des affiches sur la pâtisserie... J’étais comblée.


Je m’’empressai alors de remercier Louis, Éric et Karl :

- Merci beaucoup ! Vous avez fait un travail formidable.


Je constatai aussi que Céline était là, tout comme Corentin et son ami Aldéric.


Cassandre arriva, comme prévu, après le lycée pour nous aider, et elle se mit tout de suite au travail.


A la fin de la journée, nous n’étions plus que tous les trois, Jules, Cassandre et moi.


- Voyons les choses en face, leur dis-je. La plupart de nos clients sont des habitués, quand ce ne sont pas les amis, ou la famille.


- Il nous faut cibler une autre clientèle.

- Et tu as une idée pour faire ça ?

- Oh oui ! J’en ai même une idée bien précise ! Je pense que je vais faire une campagne de publicité.

- Je trouve que c’est génial ! s’enthousiasma Cassandre. Quels supports penses-tu utiliser ?

- La télévision et le web.


Après avoir, laissé mon mari et ma fille, bouches bées, à cette annonce qu’ils trouvaient fantastique, je me rendis à la cuisine, pour mettre le dernier lave-vaisselle à tourner.

Mon portable se mit à vibrer.


C’était Lucie. Elle avait essayé de me joindre à plusieurs reprises.


Je la rappelai aussitôt. Lorsque j’eus raccroché, j’étais sous le choc. Je savais que ce moment arriverait un jour, mais j’avais espéré qu’il viendrait le plus tard possible. Emilie était décédée.


Je prévins Jules et Cassandre, puis filai chez Lucie. Quelle douleur. Je n’arrivai pas à imaginer cette maison sans Emilie !


Lucie vint à ma rencontre.

- Linette, tu es là...


Louis la suivait de près. Elle avait l’air si triste qu’elle semblait avoir pris dix ans d’un coup.


Nous nous prîmes dans les bras l’une de l’autre, pleurant silencieusement.


Puis il fallut malheureusement faire le point sur des détails pratiques. Nous convînmes d’enterrer Emilie dès le lendemain. Louis aussi était complètement abattu.


l n’arrivait pas à accepter le départ prématuré de ma cousine alors qu’ils nageaient, la veille, en plein bonheur.

- Elle était si dynamique, si pleine de vie...

Seulement l’âge était là... et je me pris à penser à la différence d’âge qu’il y avait entre Jules et moi.


Lorsque j’arrivai à la maison, l’ambiance n’était pas mieux. Jules était en train de consoler Cassandre.


- Nous étions au restaurant avec elle, il n’y a pas longtemps. Elle avait l’air bien pourtant.


Les paroles de Cass me fendirent le cœur....

Jules m’entendit hoqueter et se précipita vers moi pour me prendre dans ses bras.


Au creux de son épaule, je lâchai mon chagrin en gros sanglots inarrêtables.

- Pleure, mon amour, pleure. Ça te fera du bien.

- Mamounette..., murmura Cassandre d’une voix étranglée.


Je réussis à me calmer lorsque j’entendis ma fille prononcer mon nom.

- Je vais bien, ça va.


- On l’enterre quand ? me demanda Jules.

- Demain en fin de journée.


- J’aimerais vous proposer quelque chose, nous dit Cassandre. Nous pourrions inviter tout le monde à venir à la maison après l’enterrement, histoire de ne pas se quitter comme ça.

- Nous n’avons pas trop le cœur à ça...lui répondit Jules.


Je n’étais pas de son avis. Cela permettrait à tous ceux qui l’aimaient, d’être là, de parler d’elle et de se rappeler les bons moments. Je le dis à mon mari.


- Très bien. Alors, si ça te fait plaisir, c’est d’accord !

- Merci, mon chéri.


- Je m’occupe de tout. Vous n’aurez rien à faire, nous rassura Cassandre.


- Merci ma puce.

- C’est normal Mamounette.

- Et si nous rentrions nous mettre au chaud maintenant. Il commence vraiment à faire froid.


Nous nous sommes assis sur le canapé, Jules et moi, alors que Cassandre était allée directement s‘activer en cuisine, ce qui était pour elle, un excellent moyen d’évacuer sa peine. Jules s’inquiétait beaucoup pour moi, je le lisais dans ses yeux mais aussi dans sa voix.

- Tu es sûre que ça va aller ?


Je ne pouvais le rassurer... Je me sentais mal. Je pensais aussi à Lucie et Céline, toutes deux beaucoup plus âgées que moi, et à Jules aussi, bien sûr. Quelques coups frappés à la porte me sortirent de ma triste torpeur. C’était justement Lucie.

- Linette... ma Linette...


- Est-ce que je peux rester un peu avec vous, ce soir ?

- Evidemment que tu peux !


- Je ne resterai pas longtemps...

- Tu resteras le temps qu’il faudra. Tu peux même dormir à la maison si tu le souhaites.


- Tu es gentille mais non. Je ne veux pas laisser Louis seul trop longtemps. Lui aussi était très abattu.

- Tu aurais dû l’emmener.


- Il voulait rester seul un moment. Et moi je voulais vous voir. Je lui ai dit que je rentrerai vers minuit.

- Très bien. Comme tu veux.


Pendant que je parlais, je surveillais aussi Cassandre du coin de l’œil. Elle avait l’air de se recroqueviller sur elle-même. Il ne fallait pas que je perde aussi de vue la tristesse de ma fille.

- Et pourquoi ne pas laisser la maison à Louis ? hasardai-je.


Mais elle sembla se ressaisir...

- Tu crois ?

- Je suis du même avis que Linette ? m’appuya Jules.


Je m’en souvenais très bien...

Et que de souvenirs ! Mes cousines étaient en colère après moi ce jour-là car je prenais notre héritage familial à la légère...


Pourquoi Lucie me reparlait-elle de cela, aujourd’hui ?

Lucie était partie et, toute cette conversation avait contribué à ce que nous nous sentions mieux les uns les autres. J’espérais au plus profond de moi qu’elle accèderait à notre demande.


 

Le lendemain, nous étions tous à l’enterrement d’Emilie.

A la fin de la cérémonie, j’invitai tous ceux qui le souhaitaient, à nous retrouver à la maison.


Nous échangeâmes sur les bons moments passés auprès d’Emilie.


Cassandre s’était éloignée avec Céline.


Elle avait le regard si triste...


Son petit cœur avait du mal à gérer toute cette peine.


Lorsque tous les invités furent partis, il ne resta que Lucie.


Elle acceptait de venir vivre chez nous, mais elle devait d’abord régler la vente de la maison, avec Louis.


- Je vais faire au plus vite, Linette. Merci pour tout, vraiment.


- Eh bien voilà ! Lucie va venir habiter avec nous, dis à Jules.

- C’est une bonne chose.


- Oui. Cela lui fera du bien d’être entourée de sa famille.

- Une seule chose m’inquiète. Où va-t-elle dormir ? Nous n’avons que deux chambres.


- Je suis sûre que Cassandre ne verra pas d’inconvénient à partager sa chambre.

- Elle devra aussi partager son lit...


 

Le temps passait. Nous avions eu des nouvelles récentes de Rangi qui était tout heureux car son fils était revenu vivre sous son toit ! Le pauvre Frédéric en avait eu assez des frasques nocturnes de sa mère, qui ramenait régulièrement de nouveaux compagnons à la maison.

Lucie avait eu beaucoup de mal à convaincre Louis d’acheter la maison pour mille simflouz seulement, mais il avait fini par accepter et elle serait bientôt parmi nous.

Cassandre continuait à aller à ses cours de cuisine, ces cours qui nous coûtaient vraiment chers, mais que nous étions d’accord pour payer, à condition qu’elle continue à bien travailler au lycée.


Elle excellait de plus en plus en cuisine et nous régalait régulièrement de plats excellents.


Cassandre venait aussi très souvent m’encourager lorsque je faisais du sport, mais je l’avais mise au défi, ce jour-là, de s’entraîner, elle aussi, à mes côtés.


- Il n’y a pas de raison que je sois la seule à souffrir !

- Mamounette ! Je n’ai juste pas envie de faire ça aujourd’hui !


- C’est toi qui veux maigrir, après tout, pas moi !

- Ouais, ben je ne veux plus maigrir, justement !


- Tu aurais dû me le dire !

- Le sport me fait du bien. C’est pour ça que je continue à en faire. Allez, va sur l’appareil de muscu ! Tu avais promis.


- C’est trop lourd, ces machins-là ! Je n’arrive même pas à les bouger.

- Tu vois, ça n’est pas si facile que cela, vu de l’intérieur.


- J’abandonne ! Je trouve qu’en fait, c’est beaucoup mieux comme siège !

- Petite joueuse, va !


Ce soir-là, nous étions en train de discuter au salon de l’avenir de Cass, lorsqu’on frappa à la porte.


C’était Lucie. Elle venait s’installer chez nous.


J’étais très heureuse. Depuis le temps que nous attendions ce moment !


- Alors ? Vous êtes prêts à m’accueillir chez vous ? J’espère que je ne vais pas trop bousculer vos vies !

- Et moi, j’espère que si ! lui répondit Jules, en rigolant.


- Cassie ! Il parait qu’on va partager la même chambre !

- Et le même lit aussi !


- Je sens qu’on va bien s’amuser, toutes les deux !


- Tu crois qu’elle va aimer la déco ?

- Je ne crois pas, non.


- Un peu étrange, le style, quand même...


- C’est une chambre d’ado, Lucie !

- Oui justement. J’aurais vu ça plutôt rose !


- Je ne suis pas une grande fan du rose, tu sais.

- Et c’est qui cette fille, qu’on voit partout sur ces photos ?


- C’est Buffy !

- Oui, j’avais bien lu, mais elle est qui au juste ?


- C’est l’héroïne de ma série préférée : Buffy, tueuse de vampires !

- De la science-fiction ! J’adore ! Il faudra que tu me fasses découvrir cette série.

- C’est vrai ? Alors là, avec plaisir !

- Chouette ! Je sens que je vais bien me plaire, ici !


La vie avec Lucie était amusante et me rappelait un peu les moments que nous avions passés à la planque.


Nous faisions des parties endiablées de jeux d’arcade. Cassandre était d’ailleurs devenue très forte à ce jeu-là.


Nous nous étions aussi remis à jouer au baby-foot.


Cela faisait un moment que nous n’y avions pas joué, et j’avais oublié à quel point ma cousine était douée à ce jeu-là !


Et chaque soir, nous faisions une petite partie de fléchettes.


Nous avions retrouvé une ambiance familiale, à la maison, grâce à elle...


...et cela me faisait plaisir de la voir aller de mieux en mieux.


Lucie avait même organisé un après-midi dansant pour Cassandre et ses amis. Nous avions embauché pour l’occasion Hélène, la sœur de Clément, comme mixologue.


Les amis de notre fille arrivèrent petit à petit.


Mais aussi Céline, que Lucie avait absolument tenu à inviter.


Lorsque tous furent là, je me mis aux platines. Parmi les amis de Cass, il y avait Frédéric, le fils de Rangi, Romain et Arnaud, deux de ses copains de classe, le cousin Corentin et son complice de toujours, Aldéric, et enfin sa copine Isabelle bien sûr.


Aldéric avait grandi et était le seul jeune adulte parmi les amis de Cassandre.


Cette dernière convia tout son petit monde à se rapprocher du bar.


Ce qu’ils firent, sans se faire prier.


Les « vieux », eux, préférèrent investir la piste de danse.


- Viens t’asseoir avec nous, Corentin ! cria Cassandre à notre cousin. Qu’est-ce que tu fais assis tout seul, là-bas ?


- J’arrive... lui répondit celui-ci, en soufflant.

Hélène essaya d’expliquer aux jeunes pourquoi son neveu s’isolait ainsi :

- Le pauvre petit a eu une peine de cœur récemment...


Mais je ne suis pas sûre que Corentin eût apprécié de savoir que sa tante dévoilât sa vie sentimentale à ses copains...


- Allez les jeunes ! Venez danser ! les appela Lucie. Vous n’allez pas rester toute la soirée sur un tabouret !


Corentin et Cassandre rejoignirent la piste de danse. Il faut dire qu’ils avaient les gênes de parents danseurs...


Lucie et Céline s’éclataient comme deux petites folles.


Frédéric aussi s’était mis à danser, et Aldéric, toujours assis au bar, ne lâchait pas Isabelle.


Mais c’est elle qui l’abandonna, pour aller rejoindre la piste de danse.


L’après-midi touchait à sa fin.


Les deux « mamies » de la journée étaient allées se servir en cupcakes.


Les jeunes continuaient à danser, tout comme Jules qui n’avait d’ailleurs pas quitté la piste.


Lucie donna son congé à Hélène, qui avait envie de retrouver sa famille.


Puis les invités commencèrent à partir.


 

Lucie venait souvent nous aider à la boutique. Ce dimanche-là, elle s’amusait beaucoup, car nous avions fait une porte ouverte pour les enfants, avec des viennoiseries en cadeau.


Nous étions tous tellement absorbés que nous ne vîmes pas Lucie se sentir mal, et encore moins la Faucheuse, tapie dans un coin, devant l’affiche des macarons, attendant d’agir.


C’est Corentin qui m’alerta...

- Linette ? Quelque chose ne va pas avec Lucie...


Je fermai rapidement la boutique afin d’éviter qu’il y ait trop de témoins du drame, mais Vince (le beau-frère de Céline et Clément) ainsi que son fils Sébastien, avaient assisté à la scène.

J’avais du mal à réaliser. J’entendis vaguement Cassandre supplier la Faucheuse.


Mais sans succès malheureusement... Elle emmena Lucie...

- C’était son heure, jeune fille... lui dit-elle.


Nous nous retrouvâmes une nouvelle fois au cimetière familial.


Nous étions malheureusement de moins en moins nombreux, et le cimetière grandissait...


Quel chagrin ! Je savais que le tour de Céline viendrait aussi... Mon cœur se brisait.


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