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  • Photo du rédacteurNathalie986

G5/ Chapitre 16 : Succession


Ce dimanche-là, Jules et moi avions réservé notre journée pour emmener Cass à la Clairière forestière, et nous avions confié la boulangerie à Louis.

Pour avoir lu toutes les biographies de la famille, Cassandre savait très bien que l’on accédait à la clairière par l’arbre majestueux de Mamie Perrine.

- Mais il est fermé ! s’exclama-t-elle.


- Pour toi, oui. Pour Papa et moi, il est ouvert.

- Oh non... ça veut dire que je vais devoir faire comme c’est indiqué dans les livres de nos ancêtres ?


- C’est ça...

- Mais c’est délirant ! s’insurgea-t-elle.


Je la regardai, droit dans les yeux :

- Tu crois que c’est plus délirant que ton histoire de type qui ne vieillit pas ?!

A cette évocation, elle n’insista pas :

- Bon d’accord... Je vais le faire.

Et elle commença par arroser l’arbre.


Jules et moi lui donnâmes quelques que conseils, puis le miracle se produisit.

- Alors ? Tu vois le passage maintenant ? lui demandai-je

- Oui Mamounette ! Il est juste devant moi.

Elle était excitée comme une puce.


J’empruntai, la première, la trouée qui nous mènerait jusqu’à la clairière, laissant Jules donner les derniers conseils à Cassandre :

- As-tu emmené des vêtements légers comme on te l’avait demandé ?

- Tout à fait. Il fait si chaud que ça là-bas ?


- Je dirais plutôt que c’est tempéré. Mais tu verras par toi-même. On y va ? On suit Maman ?

- Oui. Je suis prête.


Nous nous changeâmes en arrivant. Cassie était émerveillée par ce qu’elle voyait.


Elle nous abandonna très vite pour partir explorer cet endroit magnifique, et hors du temps, que Jules et moi connaissions par cœur.

Nous tirâmes profit de son absence pour jouir de ces instants, magiques et silencieux, où l’on pouvait presque entendre nos deux cœurs battre à l’unisson. La Clairière forestière était toujours un sanctuaire, pour notre amour, loin de la vie trépidante que nous menions.


Nous n’avions même pas vu que Cassandre était revenue près de nous.

- Je vais essayer de faire quelques prises. L’endroit s’y prête bien.

- Bien sûr, ma chérie.

Que disait Lamartine, déjà ? Le temps suspend son vol... Il était certainement déjà venu ici.


De retour à Windenburg...

- Alors ? Dis-nous... Est-ce que tu as aimé la clairière ?

- J’ai adoré ! Je sens que je vais y retourner pour pêcher ou pour lire. C’est un endroit tellement reposant.


- Par contre, il fait déjà nuit, ici. C’est dingue ce que le temps passe vite là-bas ! Je comprends mieux ce que vous me racontiez, lorsque j’étais enfant. La prochaine fois, j’emmènerai une montre ou mon portable, pour avoir l’heure.


- Ça ne sert à rien, lui dit son père. Toutes les pendules sont déréglées en ce lieu.

- Et si tu prends ton portable, tu pourras téléphoner mais tu n’auras aucune heure d’affichée, ajoutai-je

- Tant pis. J’y retournerai quand même. C’est trop bien.


- Je suis vraiment heureuse que la clairière t’ait plu, continuai-je. Parce qu’un jour, c’est toi qui seras l’Elue. Tu devras défendre nos valeurs et contribuer à récupérer notre monde d’origine.

- Je le sais bien Mamounette. Mais en attendant, j’ai autre chose à vous dire, si tu veux bien. J’attendais qu’on soit rentrés pour vous en parler.


Je me demandais de quoi il s’agissait.

- Hier, j’ai envoyé plusieurs demandes de bourse pour l’université, poursuivit notre fille. J’ai d’abord fait le dossier pour la ville de Windenburg, qui en propose une à ses habitants, ensuite j’en ai fait une pour les arts culinaires, et la dernière est la bourse pour la nature parce que j’adore la nature ! Mais bon, pour celle-là, je n’ai pas grand espoir...


Jules était aussi fier que moi, de notre fille, et nous espérions, tous les trois, que ses demandes de bourse seraient acceptées. Elle s’était occupée, elle-même, des démarches, sans nous en parler. Elle grandissait... Les parents que nous étions s’en enorgueillissaient, et nous souhaitions de tout cœur, qu’elle arrivât à atteindre son but.


Quelques jours plus tard, profitant d’une fin de journée clémente, Jules et moi nous installâmes au jardin pour discuter.

- Je n’en reviens pas de voir comment Cass arrive à se débrouiller, me dit-il.

- Je pense que plus elle grandit, plus elle se responsabilise.


- En tous cas, elle a très bien géré ses demandes de bourse. Elle n’a même pas fait appel à nous.

- Cass est sérieuse. Elle n’a pas besoin de nous. Elle sait ce qu’elle veut.


- Et ça me plait beaucoup.

- J’aime la voir comme ça. Notre fille est ma relève. Un jour, elle me succèdera et crois-moi, il vaudra mieux qu’elle soit dégourdie.


- Tu parles de son rôle d’Elue ?

- Si tu veux, mais si je puis me permettre, être Elue n’est pas un rôle. Notre mission est des plus importantes. Tu le sais pourtant...


- Bien sûr ma chérie. Tu t’es sentie offensée ?

- Absolument pas ! Mais ne parle plus de rôle !


- C’est entendu. Ça t’ennuie de poursuivre cette petite conversation au bar ? J’aimerais parfaire mes techniques de mixologie...

- Non. Allons-y.


- J’ai presqu’atteint le niveau maximal !

- Tu t’étais fixé un objectif personnel ?


- Tout à fait ! Pour faire honneur à ton père.

- J’avoue que tu es très doué ! Il aurait été fier de toi.


- Et toi ? Où en es-tu de ceux qui t’ont été fixés par le Créateur ?

- Moi aussi, j’ai presqu’atteint le niveau maximal de la compétence DJ.

- C’est merveilleux ! Et quel objectif te restera-t-il après ça ?

- Aucun !


- Je serai libre comme l’air. Je passe le flambeau, et à moi la tranquillité !

- Cela veut dire que tu as déjà choisi l’objet que tu vas transmettre aux futures générations.


- Oui. Ma table de mixage ! J’ai passé tellement d’heures dessus, à m’entraîner. Je l’ai améliorée, bichonnée. Et elle représente mon goût de la fête.


Jules avait arrêté de secouer son shaker...

- Approche-toi de moi, Linette Chevalier...

Il me regarda, avec ce regard bien à lui, qui me transperce à chaque fois, ce regard tellement amoureux, amoureux fou.

- T’ai-je déjà dit à quel point je t’aimais ?


Il me l’avait dit, des milliers de fois, depuis que nous étions mariés. Il m’embrassa passionnément.


- Si je le pouvais, je t’épouserais une nouvelle fois.


- Jules, moi aussi je t’aime tant, tu sais...


C’est ainsi que nous nous retrouvâmes, amoureusement lovés l’un contre l’autre, dans notre bain à remous...


...que je me sentis enivrée par le regard de Jules...


...et complètement chavirée sous ses baisers...


...que la puissance de son désir me pénétra tout entière...


... et que je me sentis complètement hébétée, lorsque nous nous séparâmes...

- Tu as aimé ? me demanda-t-il


- Si j’ai aimé ? J’aurais voulu que ça ne prenne jamais fin... Nous sommes tellement bien, tous les deux.

- C’est ce qu’il m’avait semblé... On peut recommencer, si tu le souhaites...


- Tu es sûr ?

- Parfaitement sûr !


- Mon amour, tu es tellement...


- Toi aussi... Tu es tellement...


Lorsque nous sortîmes du spa pour aller nous asseoir, le beau regard de Jules était toujours fixé sur moi.

- Qu’est-ce que je t’aime !

- Moi aussi mon amour, tellement !


- Je n’arrive même pas à me souvenir de la dernière fois que nous avons eu autant de temps pour nous.

- C’était il y a longtemps ! Nous n’avions même pas Cassandre...


- Et bien ! Ça ne nous rajeunit pas !

- Non mais nous nous aimons toujours autant.


- Et j’assure aussi toujours autant !

- C’est vrai. Tu as raison de te vanter !


- J’ai vraiment eu beaucoup de chance de te trouver. Tu es la femme de ma vie. Tu me rends si heureux, si tu savais.

- Toi aussi tu me rends heureuse. Et surtout, continue de me regarder comme tu le fais, mon chéri.


- Je ne sais pas comment je te regarde Linette, mais je ferai tout pour continuer à le faire.

- Tu te rends compte qu’on va bientôt n’être que tous les deux à la maison. Cassandre va bientôt grandir et elle partira à l’université...


- Mais avant qu’elle ne grandisse, moi je vais vieillir. Et ça changera peut-être certaines choses...

- Qu’est-ce que tu veux que ça change ?


- Ma forme physique, par exemple...

- Ça, je n’y crois pas une seconde.


 

Quelques jours après, j’atteignis enfin mon objectif qui était d’atteindre le maximum de la compétence DJ. Je n’étais pas peu fière.


- Félicitations Mamounette ! me cria Cassandre.


- Ça aura pris du temps mais j’y suis arrivée !

- Et l’objet de ta génération ? C’est quoi ?

Cassandra ignorait encore mon choix puisqu’elle n’était pas là lorsque nous en avions palé, Jules et moi.

- Ma table de mixage. Je te la donnerai quand tu partiras à l’université.


- Tu plaisantes, Mamounette... Je sais à quel point tu y tiens...

- Justement ! Quoi de mieux que de la transmettre à des générations entières qui en comprendront la valeur. A commencer par toi.


- Je ne sais pas quoi dire... Comment vas-tu faire sans elle ?

- C’est vrai ça... appuya Jules

- J’en achèterais une autre !


Jules était étonné :

- Tu veux racheter une table de mixage ?

- Oui. Quand Cass partira à l’université.

Mais ça ne me faisait pas peur, au contraire. Je prendrai plaisir à refaire, sur ma nouvelle table, toutes les améliorations que j’avais apportées à l’ancienne.

Profitant de notre discussion sur le sujet, Cassandre se faufila pour aller relever le courrier, espérant avoir des nouvelles de sa demande de bourse.


Et elle en eût.


- J’ai obtenu la bourse de Windenburg, revint-elle nous dire. Ils m’accordent trois cents simflouz !


Forte de cette bonne nouvelle, Cassandre se jeta sur les blogs des conseillers d’orientation de l’université dès le lendemain.

- C’est incroyable toutes les infos qu’on peut trouver sur ces blogs, Mamounette !

- Et tu trouves ton bonheur ?

- Oui. L’université de Britechester.ui. L’université de Britechester.


- Si je veux un diplôme d’excellence en arts culinaires, c’est là que je dois m’inscrire.

- Tu devrais aussi t’inscrire à l’institut Foxbury. On ne sait jamais...


Son père lui dit la même chose :

- Maman a raison.


- Et si tu es prise dans les deux universités, tu seras libre de faire ton choix, de toute façon.

- Vous avez raison.


- Au moins, cela te protège en cas de refus de Britechester.

- Je suis quand même un peu confiante, tu vois ! Et puis, les diplômes n’ont pas le même niveau dans les deux universités.


- Peut-être mais il vaut mieux un diplôme que pas de diplôme du tout.

- C’est certain mais quitte à en avoir un, je préfèrerais celui de Britechester.


- Je ne me fais pas de soucis. Tu as les compétences pour ça.

- Bon, j’ai fini mes devoirs. Je vais aller regarder la télé.


Et Cass se replongea dans Cuisine Télé.


 

En fin d’après-midi, dans la semaine, Céline vint me rejoindre à la boulangerie après la fermeture. Elle avait insisté pour me voir seule. Je fermai la porte à clé et elle me prit dans ses bras.

- Linette ! Quelle joie de te voir !


- Qu’avais-tu de si important à me dire ?


- Linette, je vieillis. Je suis très fatiguée et j’ai eu beaucoup de mal à me traîner jusqu’ici.

- Ce n’est que passager, j’en suis sûre.


Mais je savais, au fond de moi, que ça ne l’était pas.

- Laisse-moi finir, tu veux bien. Je suis là pour te parler de ma succession à la tête de la S.I.M.S, et donc, du B.P.E.H., puisque, depuis ton père, les deux postes vont à la même personne, et j’ai tout fait pour que ça reste ainsi...

- C’est en effet préférable pour la sécurité de la famille. Il ne faudrait pas que le directeur de l’Agence ait dans l’idée de fermer le BPEH par exemple. Et qui est donc ton successeur ?


- Aldéric. Aldéric Quellec. Je l’ai formé depuis son adolescence, et il travaille avec moi depuis plusieurs années. Il est parfait pour le job, et tout acquis à notre famille.

- Certainement, mais il n’est pas de la famille.


- Je n’ai pas terminé. Je forme également Corentin, avec l’aide d’Aldéric, bien sûr, car je ne suis plus en grand forme. Corentin codirigera, avec son meilleur ami.

- Voilà qui me rassure. Voir un étranger prendre la tête du BPEH me faisait un peu peur.


- C’est un étranger pour toi, mais pas pour moi. Je le connais depuis tout petit ce gamin. Il a passé plus de temps chez nous que chez lui.

- Je me doute. Corentin l’amenait à chacun de ses anniversaires. Et Cassie l’aime beaucoup.


- Bon, il y a cependant une chose à laquelle je tiens. Personne ne devra jamais savoir qui a repris le BPEH. Il y a eu beaucoup trop de monde au courant sur les trois dernières générations. Et c’est cela qui vous met en danger. Pour garder un secret, il faut être seul à le connaître. Et là, vous serez déjà trois : Corentin, Aldéric et toi.

- Pas même Jules ? Ou Cassandre ?


- Personne ! Je suis catégorique. Tu n’as qu’à prendre ça comme ma dernière volonté.

- Céline...


- Promets-le-moi, Linette.

- D’accord, je te le promets. Je ne leur en dirai pas un mot. Et Clément ? Il est au courant ?


- Non, il ne l’est pas. Il sait juste que je fais au mieux pour tous vous protéger.

- Attends ! Où vas-tu ?


- Je rentre chez moi. Je suis fatiguée.

- Assieds-toi encore une seconde...


- Et pour l’accréditation de Jules ? Comment va-t-on faire ?

- Il a une accréditation à vie. Il peut donc venir quand il veut au BPEH. Ça ne change rien.


- Mais il verra forcément Corentin, ou Aldéric...

- Il ne les verra pas. Il sera accueilli par le même agent qui le reçoit chaque fois, même quand je viens avec lui.


- Il ne risque donc pas de découvrir qui sont tes successeurs ?

- Aucun risque, non. Cet agent est un agent de confiance, et je l’ai déjà briefé sur la conduite à tenir avec Jules...


- Tu as vraiment pensé à tout.

- C’est un peu mon métier, je te le rappelle.


Nous nous retrouvâmes sur le pas de la porte.

- Bon, et bien je te dis à bientôt !

- Au revoir, ma puce.


Elle me prit dans ses bras, et j’entendis les derniers mots que ma cousine prononça à mon égard.




Crédits tableaux pour la G5:

Toutes les affiches de pains et brioches, derrière les vitrines, et au-dessus de l’entrée de la boulangerie sont de ROSEYMOW

Les tableaux représentant un éclair au chocolat, les macarons, et les petits gâteaux sont de SADMULAN

La croix dans la chambre de Cassandre est de SADMULAN

Le tableau Buffy et Spike, ainsi que l’inscription Buffy, est de MAG6002

Les autres tableaux de Buffy sont de CORWIM (il a d’ailleurs fait toute une série sur Buffy, mais aussi sur Spike, et sur Faith)

Les horloges dans la maison de Linette, sont de SIMDELS

Les tableaux, dans l’espace piscine et détente du sous-sol de la maison sont de SPARKLILI

Les tableaux dans la cuisine de la maison sont de SADMULAN et ROSEYMOW

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