Nathalie986
Prologue
Amaël - Appel à l'aide
Les Mercenaires de l'impossible
À me voir entouré ainsi devant un bâtiment dont l’architecture date de plus de quatre-vingts ans, vous auriez été en droit de penser que j’étais le guide touristique de Forgotten Hollow faisant découvrir des merveilles à ces jeunes gens, mais ce n’était pas le cas. Je les avais réunis pour une tout autre raison.

La réalité devant laquelle je me trouve aujourd’hui est bien plus sombre. Je fais face, en ce premier jour de printemps, à ces sept mercenaires de l’impossible qui ont promis de m’aider à résoudre un petit problème d’ordre surnaturel.

Enfin... quand je dis petit problème, il s’agit là d’un doux euphémisme puisque je le qualifierais plutôt de grosse mouise...

Après avoir essayé de trouver à plusieurs reprises un promoteur décidé à racheter ce vieil hôpital psychiatrique, je dus me rendre à l’évidence que la tâche allait être plus compliquée que prévue.

Combien d’entre eux avaient pris leurs jambes à leur cou, le visage défiguré par la terreur pour ne plus revenir ? Et je ne parle même pas du dernier qui, lui, n’a jamais reparu. La police a même lâchement abandonné l’enquête le concernant au tout début de ses investigations.

C’est à ce moment-là que j’ai entamé des recherches, tout d’abord livresques, sur cet hôpital.
Les traitements qui avaient été dispensés ici aux malades n’étaient qu’horreur et torture. Comment les médecins de l’époque avaient-ils osé traiter ainsi leurs patients ?

Lorsque j’ai compris que les livres ne m’en apprendraient guère plus, j’ai poursuivi mes recherches sur Internet pour y découvrir un article vieux de vingt ans dont l’auteur affirmait que l’hôpital psychiatrique avait été construit sur le gouffre du Pandémonium, autrement dit, un portail direct vers la capitale de l’enfer.

J’étais abasourdi par cette nouvelle mais, aussi invraisemblable que cela puisse paraître, et au vu des phénomènes dont j’avais moi-même été le témoin en entrant dans l’hôpital, je crus immédiatement aux allégations controversées de l’auteur.

Je le contactai donc et il accepta de me recevoir sans attendre.
Forgotten Hollow était à plus de huit heures de route de toute civilisation et l’homme habitait à plus de dix heures de chez moi. Je pris la route tout de suite, embrassai ma fille et lui promit de revenir dès le lendemain.

J’arrivai chez l’auteur de l’article le lendemain, après avoir roulé toute la nuit.
Il s’appelait Adrian Duplantier et vivait dans les montagnes de Mont Komorebi. Il m’attendait impatiemment sur le pas de sa porte et me pria d’entrer.

Son histoire était passionnante. Il avait étudié la généalogie de sa famille et avait découvert que son arrière-grand-père, Claude-René Duplantier, avait vécu sur le terrain actuel de l’hôpital psychiatrique de Forgotten Hollow.

Le garçon, alors âgé de vingt-quatre ans, était un libertin au coeur tendre lorsqu’il avait croisé la route de la sulfureuse Tempérance.
Il n’avait pas résisté à son charme et avait, malgré les avis négatifs de sa famille, demandé la jeune Tempérance en mariage et s’était installé chez, dans son manoir.

Tous, à l’époque, savaient que ce n’était pas une femme pour Claude-René. Il était romantique, certes, mais il était aussi sensible.

Tempérance, elle, était une femme méchante, envieuse et jalouse. Elle fit le malheur de mon arrière-grand-père.

- Que s’est-il passé ?

- Elle l’a surpris un jour en train de courtiser une jeune pucelle mais Guidry, comme était alors surnommé mon arrière-grand-père, ne la courtisait pas et elle n’était pas pucelle, preuve en est que je suis là.
Cette jeune femme venait lui annoncer sa grossesse.

- Claude-René prit cette nouvelle avec bonheur et décida de quitter Tempérance et son manoir pour s’occuper principalement de mon arrière-grand-mère et de son bébé.
- J’imagine que Tempérance a mal digéré la rupture de ses fiançailles avec le beau Guidry ?

- C’est peu de le dire. D’après les écrits de ma grand-mère, Tempérance aurait gentiment demandé à Claude-René de rester pour une dernière nuit d’amour au manoir. Personne ne sait ce qui s’est passé mais leurs deux corps ont été retrouvés calcinés.

Quelle tristesse ! Cette histoire était décidément dramatique et je ne voyais pas où voulait me mener le vieil Adrian.

- Tout a brûlé, poursuivit-il. Du manoir, il ne resta que des cendres. Ce fut une véritable catastrophe mais... dix ans plus tard, Forgotten Hollow construisit son hôpital psychiatrique.

- Vous voulez dire que mon hôpital est le théâtre de phénomènes paranormaux parce que Tempérance et Claude-René y sont décédés ?

- Leurs âmes sont toujours là, mon cher monsieur, mais ce qui est le plus à craindre, c’est que la fureur de Tempérance a ouvert un passage vers le Pandémonium, et il se trouve sous l’hôpital.

Je compris alors toute la tragédie historique de cet endroit. Nous avions à faire à des esprits vengeurs, prêts à tout. Je ne pourrai jamais vendre cet hôpital de malheur. J’en fis part à Adrian.

- Le portail vers le Pandémonium, autrement appelé gouffre de l’enfer, s’est ouvert à cause de la fureur incontrôlable de Tempérance. Certaines créatures surnaturelles ont envahi votre hôpital et s’amusent à le hanter. Vous ne pourrez les chasser qu’en faisant appel aux meilleurs. Mon arrière-grand-père reposera alors en paix.

Je levai alors la tête pour m’adresser au vieil homme, avec une lueur d’espoir dans le cœur :
- Les meilleurs ? Je veux bien mais qui sont-ils ?

- Les mercenaires de l’impossible. Ils sont sept et ils ont l’habitude de ces situations surnaturelles. Deux d’entre eux ont déjà visité votre hôpital, il y a bien longtemps. Ils connaissent les risques. Il vous faudra leur promettre une grosse somme d’argent pour les convaincre de renouveler l’expérience, mais oui, ce sont les meilleurs dans le domaine du paranormal.

J’étais rentré épuisé à Forgotten Hollow après avoir dormi chez Adrian qui m’avait offert une hospitalité bienvenue, avant que je ne reprenne la route.
Ma fille Gwen était dans le salon.

Je lui avais demandé pourquoi elle n’était pas à l’école et elle m’avait répondu qu’elle m’attendait. Elle était très inquiète car, durant mon absence, elle avait « un peu » fouillé dans mon ordinateur et découvert le contenu de mes recherches. Je ne lui en voulais même pas.
- Papa ? Dis-moi tout, je t’en supplie. J’ai l’impression que ce que tu fais est dangereux.

Alors, je lui ai tout dit. Je crois même que je n’ai omis aucun détail.
Ma fille avait dix-sept ans, elle n’était pas dupe et elle devait savoir ce que je m’apprêtais à faire.

- Tu vas vraiment contacter ces mercenaires ? Pourquoi n’envoies-tu pas simplement un bulldozer sur l’hôpital ?
Ses grands yeux bleus trahissaient son angoisse.

- Parce que le gouffre de l’enfer ne disparaîtrait pas pour autant.

Le lendemain, je contactai les mercenaires de l’impossible. Je tombai sur une certaine Odely qui m’expliqua qui ils étaient et me demanda combien j’étais prêt à mettre dans cette expédition qui risquait de leur coûter la vie à tous.

J’étais prêt à mettre le paquet, bien sûr, même si je soupçonnais que les risques mortels qu’elle me décrivait étaient davantage destinés à me faire augmenter le prix de leur service plus qu’une réalité.

Je raccrochai après avoir convenu que l’argent resterait sur un compte bloqué jusqu’à ce que son équipe ait résolu mon problème.
Odely et ses acolytes devraient donc séjourner à l’hôpital jusqu’à ce que l’accès au Pandémonium soit détruit, et je les y accompagnerai.

Gwen arriva au jardin et entendit la fin de ma conversation.
- Tu es conscient que tu pourrais ne pas revenir vivant de cette aventure ?

- Je reviendrai. Ce ne sont que des esprits, et les gens qui m’accompagnent sont des chasseurs de fantômes. Ils ont l’habitude. En deux jours, l’affaire sera bouclée. Mais je veux les surveiller.

- Et si ce n’était pas le cas ? Si ça prenait plus de deux jours ou si tu n’en revenais pas ?
Je détournai le regard avant de répondre car il m’était impossible de savoir qu’elles étaient les mauvaises surprises qui nous attendraient une fois à l’intérieur.
- Si je ne suis pas là dans deux jours, va chez ta mère à Newcrest et restes-y jusqu’à ce que tu aies de mes nouvelles. Mais je reviendrai, ma puce. Voilà ce que je te promets. Peu importe quand, mais je reviendrai.

Cette promesse... Je ne savais même pas si j’aurais dû la faire, mais Gwen devait espérer.
Ce que je ne lui avais pas révélé, c’est que, si le portail vers le Pandémonium s’ouvrait complètement, c’est tout l’enfer qui se déverserait sur notre monde et il commencerait par Forgotten Hollow.
Pour le moment, seule une brèche avait entamé les entrailles de la terre.

Voilà pourquoi je me retrouvai donc, quelques jours plus tard devant les sept mercenaires de l’impossible.
Je m’appelle Amaël Lebihan, j’ai quarante-cinq ans et je suis maire de Forgotten Hollow. On me dit bien élevé et soigné mais aussi maladroit.
Je vais rester, pendant toute leur mission, auprès de ces chasseurs d’esprits et m’assurer de leur réussite.

Ils sont sept, je vous l’ai déjà dit, mais ce que je n’ai pas encore dévoilé, c’est que ces personnes forment une équipe hors du commun.
Ils sont issus des quatre coins du monde sim et d’ailleurs, mais se réunissent chaque fois qu’il faut vaincre des monstres ou des fantômes.

Je suis peut-être dingue mais je viens d’engager deux vampires, deux sorciers, un extraterrestre et une sirène.
Fantine Connor est l’unique humaine de la bande. Au moins, je me sentirai moins seul.
D’après son CV, Fantine est extravertie et joueuse, mais son gros point faible est la paresse. Espérons qu’elle ne nous laisse pas tomber.

Notre petite sirène s’appelle Opaline Chenal. Elle semble ingénue au premier abord mais elle a fait ses preuves à maintes reprises.
C’est une enfant des îles dont la bienveillance a souvent aidé à apporter le succès à l’équipe.
Mais sa jalousie peut, parait-il, parfois nuire... Tous espèrent ici qu’elle sera un atout pour apprivoiser Tempérance.

Et voici Odely Montfort. C’est notre premier vampire et elle a l’air de gérer d’une main de fer, la petite organisation.
Génie, sûre d’elle mais égocentrique, personne n’est à l’abri lorsque sa puissance vampirique s’exprime. Dans le monde de la nuit, on l’appelle une grande maîtresse.

Voilà maintenant Audric Mailleux. Amateur d’art et ambitieux, il est notre sorcier expert en potions. J’espère juste qu’il saura dompter son côté délicat lorsqu’il posera le pied dans l’hôpital.

Doreen Valley est la deuxième sorcière de l’équipe et s’est spécialisée dans les sorts en tous genres. Elle complète donc efficacement le savoir d’Audric, d’autant que ses coéquipiers la disent perfectionniste et rat de bibliothèque. Mais ils avouent aussi que sa paranoïa chronique est parfois un handicap dans la chasse aux esprits.

Alors, celui-là, il est venu de loin. De Sixam, pour être exact. Mais il est toujours fidèle au rendez-vous pour rendre service et toucher son petit pactole. Il s’appelle Yoram Careyol et est l’extraterrestre du groupe.
Il aurait tous les défauts, ou presque, du monde sim : crasseux et glouton, il est aussi réticent à s’engager mais ce point-là ne nous concerne pas, après tout.

Le dernier des mercenaires s’appelle Ancelin Deneuville. A l’instar d’Odely, il est aussi un vampire et un grand maître. Il parait qu’ils se connaissent depuis des siècles. D’ailleurs, ce sont eux qui ont déjà visité l’hôpital il y a quelques années.
L’homme ne m’a pas l’air très sympathique et parait très froid. De ce que j’ai entendu dire, ce serait un solitaire qui aime la musique.
Je ne saurais dire pourquoi mais il ne m’inspire pas du tout confiance.

Voilà, j’ai fait le tour. Vous avez vu ma petite équipe au complet, mes mercenaires de l’impossible.
Je me trouve aujourd’hui devant eux, le sourire aux lèvres, bien qu’un peu crispé, pour leur rappeler aussi les risques que l’on va courir et leur rappeler qu’ils ont encore le temps de filer ; car nous allons maintenant franchir le seuil de l’hôpital.
