Nathalie986
Semaine 6
Deuxième année - Automne
L’automne ne commençait pas très bien. Dans la nuit, Cahouète, qui avait disparu depuis plusieurs heures, revint à la maison avec un petit paquet et une maladie. Elle n’avait pas l’air bien du tout et je me portai alors volontaire pour nous rendre chez le vétérinaire de garde à trois heures du matin, laissant ma petite famille dormir du sommeil du juste.

Le vétérinaire me rassura tout de suite ; l’état de Cahouète était certes impressionnant mais il n’avait rien d’inquiétant.

Mon chat fut remis sur pied très rapidement, moyennant quelques simflouz, bien entendu, et je pus le ramener à la maison.

Thérèse, ignorant tout de ce qui s’était déroulé durant la nuit, s’empressa, après son petit déjeuner de le conduire sur le parcours de dressage et, à voir l’agilité de Cahouète, il était évident que celui-ci se portait comme un charme. Plus de peur que de mal, finalement...

Mathurin, quant à lui, insouciant des ennuis qui étaient arrivés à son chat, avait très rapidement débarrassé son bol pour se concentrer sur ses activités informatiques.

Quant à moi, je lançai mon pétilleur avec quelques superfruits avant d’aller me recoucher un peu. La nuit n’avait pas été de tout repos et la visite chez le vétérinaire particulièrement longue.

Heureusement, je pouvais toujours compter sur mon mari et ma fille pour aider aux travaux de la ferme.

Cet après-midi-là, je me réveillai tout juste lorsque les enfants rentrèrent de leur réunion de scouts, toujours aussi fiers de porter leurs jolis uniformes. On aurait dit de petits soldats tout juste enrôlés, prêts à défendre le monde Sim.

Thérèse voulut que je lui apprenne à jardiner. C’était la première fois qu’elle exprimait ce souhait et je me fis un plaisir de lui enseigner les rudiments du jardinage, à commencer par le désherbage qui était indispensable si l’on voulait garder des plantes en bonne santé. Loin de trouver cela rébarbatif, ma fille s’en occupa avec grand plaisir et se mit même à siffloter en arrachant les mauvaises herbes.

Cependant, elle m’avoua qu’elle trouvait l’arrosage beaucoup plus sympa.

Dans l’après-midi, je la surpris même à parler aux arbres et j’en vins à me demander si un jour, elle reprendrait la ferme...

C’était une petite fille pleine d’énergie. En fin de journée, elle me proposa de m’aider pour la confection de leur gâteaux d’anniversaire, à Mathurin et à elle, et elle respecta scrupuleusement les conseils que je lui donnais. Cela fit de moi une maman comblée. J’adorais ces petits moments que je partageais avec Thérèse et qui nous rapprochaient indéniablement.

Une fois le gâteau refroidi, les enfants soufflèrent leurs bougies d’anniversaire. Thérèse, très pressée de devenir adolescente afin de pouvoir m’aider davantage à la ferme, se rua devant le gâteau. Nous étions loin de sa peur de grandir lors de son premier anniversaire.

Et de une !

Mathurin, comme à son habitude, ne se fit pas prier, même s’il avait cédé sa place à sa jeune sœur.

Et de deux !

Les enfants avaient grandi mais la vie dans la bâtisse devait continuer.

Et les choses ne changeaient guère. Thérèse aidait toujours...

... tandis que Mathurin passait le plus clair de son temps devant son ordinateur. Yvon et moi avions d’ailleurs fini par prendre des mesures car notre fils ne sortait plus beaucoup et s’enfermait majoritairement dans sa chambre avec son ami à clavier. Il avait désormais des horaires bien définis pour son utilisation.

Le lundi matin, quelques flocons de neige se mirent à tomber sur Brindleton Bay. Nous eûmes un peu peur que l’hiver ne soit précoce mais la neige ne tint heureusement pas au sol.

Ce jour-là, nous nous rendîmes chez Stéphanie et ses quatre enfants. Elle venait de perdre son mari Clément qui avait été notre ami, et avait besoin de soutien.

Clément était parti si vite que les enfants avaient du mal à accuser le coup. Le petit dernier avait beaucoup de chagrin et ne comprenait pas pourquoi son Papa n’était plus là tandis que le cadet et les aînés éprouvaient un sentiment d’injustice qui se traduisait par la colère. Yvon et moi tentâmes d’apaiser Paul...

... puis je pris Gabriel dans mes bras pour le consoler. Stéphanie avait beaucoup de mal et n’y arrivait pas pour le moment mais je lui faisais confiance, elle saurait faire face.

Thérèse et Mathurin, essayaient de leur côté, de réconforter Aurélie et Armand mais ce n’était pas chose aisée.

Après l’enterrement, Yvon et Mathurin rentrèrent à la bâtisse tandis que Thérèse m’accompagna à Evergreen Harbor, curieuse de la façon dont je recyclais les objets dont nous n’avions pas l’utilité.

Je lui montrai comment faire fonctionner le recycleur puis l’encourageai ensuite à faire de même.

Elle me posa une foule de questions puis finit par se lancer en me demandant à chaque manivelle ou bouton, si elle les utilisait correctement.

Même si elle hésitait parfois, elle ne se trompa pas et réussit à recycler parfaitement ses premiers objets.

Ce soir-là, alors que j’enseignais le tricot à Thérèse, Mathurin nous apprit qu’il ne souhaitait pas reprendre la ferme plus tard. Ce qui l’intéressait, c’était de travailler dans l’informatique et il ne se sentait pas capable de pouvoir gérer les deux, même avec l’aide de Thérèse, lorsque nous serions trop âgés pour le faire, son père et moi.

Nous étions déçus, c’est certain, mais cette annonce n’était pas une surprise et Mathurin nous dit également qu’il voulait arrêter le scoutisme.
- Trop de nature tue la nature, s’exclama-t-il
Une phrase qui ne voulait rien dire pour nous mais avec laquelle il semblait avoir tout dit. Son père et moi ne nous opposâmes pas à sa décision mais lui imposâmes d’appeler lui-même le chef des Licornes pour lui faire part de sa décision. Mathurin grandissait et il devait apprendre à prendre ses responsabilités.

Thérèse, qui n’avait rien dit jusque-là nous avoua la joie qu’elle aurait d’apprendre à nos côtés et de prendre la relève. Son père et moi avions, à maintes reprises, eu l’occasion de voir à quel point elle s’impliquait dans le fonctionnement de la ferme, et cette nouvelle nous soulagea.
Au moins, nous transmettions quelque chose à l’un de nos enfants et la bâtisse resterait dans la famille.

Le lendemain, j’eus la magnifique surprise de voir que mes plants de fruits du dragon avaient atteint une maturité suffisante pour que je puisse en récupérer des boutures.

Je greffai donc deux mufliers avec les pousses de fruits du dragon puis un plant de fruit du dragon avec une pousse de muflier. On verrait bien ce que cela donne mais j’espérai de tout mon cœur avoir mes deux plantes vache cette année.

Je filais ensuite à Henford-on-Bagley, le village voisin dans lequel je n’avais encore jamais mis les pieds. Nous n’avions plus grand-chose dans le frigo et l’une de mes clientes m’avait appris qu’une épicerie et un marchand de fleurs avaient ouvert là-bas, dans le quartier de Finchwick.
Le village était très joli et ses habitants très accueillants. On m’indiqua chaleureusement où trouver l’épicerie.

J’y fis la connaissance de Kim, une gentille jeune femme complètement débordée par son travail et qui n’avait le temps de rien. Je lui proposai donc mon aide afin de récupérer pour elle les listes de course des villageois.
- C’est vraiment gentil de votre part. Ce serait abuser si je vous demandais d’aller porter une rose à Michael de ma part ?

Kim me dit que Michael était le gardien des créatures. Je pouvais le trouver dans la forêt.
En arrivant, je tombais sur une ruine magnifique et décidai de flâner en attendant Yvon qui devait me rejoindre.

Nous ne trouvâmes pas ce fameux gardien mais j’en profitai pour me présenter aux personnes que je rencontrais afin d’établir une liste de victuailles pour Kim.
J’informai aussi ces personnes que je possédais une ferme à Brindleton Bay et que j’y vendais des produits fait maison, exclusivement. Qui sait ? Peut-être viendront-ils me rendre visite et craqueront pour mes gâteaux ou mes jus de fruits...

Toujours pas de gardien des créatures... Yvon m’abandonna pour retourner à la ferme et j’en profitai pour glaner un peu près d’un escargot géant.

Je poursuivis ma promenade en forêt tranquillement. Tiens, il y avait quelqu’un... mais ce n’était toujours pas la personne que je recherchais.

Je croisai sur ma route un joli renard roux avec lequel je restai discuter un moment. La façon dont ce renard m’écoutait parler était fascinante, presque magique.

Magique aussi avait été cette volée d’oiseaux. Je ne me lassai pas de les observer. Cette forêt était merveilleuse.

J’allais à mon tour rentrer à la maison lorsque je croisai un homme qui sut m’indiquer où trouver le gardien des créatures. Tant pis pour mes ventes de l’après-midi... Je crois que je n’aurai pas le temps de m’y coller... L’aide que j’avais promise à Kim me prenait décidemment plus de temps que prévu.
J’en profitai donc pour noter les courses de cet homme et lui faire la publicité de ma ferme. En écrivant la liste de ce qu’il souhaitait, je me fis la réflexion que beaucoup d’ingrédients de base, comme les œufs ou le lait, se trouvaient sur ces listes et qu’il s’agissait de produit que je ne proposais pas à la vente. Ce serait peut-être à envisager. Il faudrait que j’en parle à Yvon.

Tandis que nous parlions, deux renard gris passèrent entre nous deux. J’aimais beaucoup cette nature sauvage et pleine de surprises.

Grâce aux indications de mon interlocuteur, je trouvai sans mal le fameux gardien des créatures.

Je me présentai à lui puis lui expliquai que Kim avait un petit cadeau pour lui.

Mais sa réaction ne fut pas celle que j’attendais. Kim m’avait dit être amoureuse de Michael et j’avais supposé que la réciproque était vraie mais ce n’était apparemment pas le cas.

Michael me raconta que Kim voyait toujours ce qu’elle voulait voir et qu’elle se méprenait sur ses intentions.

Je m’aperçus très vite qu’il avait raison car, lorsque je lui transmis le message de Michael, celle-ci n’écouta que ce qui l’arrangeait. Tant pis pour elle. Je préférais ne pas m’en mêler. J’avais du travail à la ferme et je n’étais pas encore allée voir la boutique de fleurs.

Sa propriétaire était une vieille dame charmante qui s’appelait Agnès Ladentelle. Je marchandai avec elle pour obtenir de nouvelles graines de fruits et légumes et elle me proposa 25% sur toutes les graines. C’était une belle affaire.

Cependant, la vieille dame ne s’en tint pas là. En échange des 25%, elle me demanda d’effectuer une petite commission pour elle. J’aurais dû lui demander de quoi il s’agissait avant d’accepter... Mon bon cœur me perdra et peut-être qu’Agnès n’était pas si charmante que ça après tout car elle voulait que je réprimande Kim pour avoir flirter. Mais quelle idée ! Et pourquoi toutes ces personnes ne livraient pas elles-mêmes leurs messages personnels ? Je vais passer pour qui, moi ?
Bon, je verrai ça demain. Il est grand temps pour moi de rentrer.

En arrivant à la ferme, j’eus l’agréable surprise de voir que Thérèse avait pris l’initiative d’installer le stand pour y vendre mes produits. Et elle se débrouillait très bien. C’était un soulagement car j’ai craint qu’à vouloir m’occuper des affaires d’autrui, nous n’aurions pas eu de recette aujourd’hui.

Le lendemain matin, je me levai à l’aube pour profiter du lever du jour. J’avais pour projet de me rendre à la foire aux bovins d’Henford afin d’y acheter une vache. Yvon avait été plus qu’enthousiaste quant à mon idée d’avoir une étable et un poulailler et il s’était proposé de construire lui-même les abris pour nos futurs animaux. Il m’avait garanti que l’étable serait prête pour le soir-même mais qu’il me faudrait attendre un peu pour le poulailler.

Ce matin-là, je découvris avec joie que mes plants de fruits du dragons avaient donné leurs premiers fruits...

... et que mes plantes vaches avaient sorti leurs petites cornes de terre ! Quel bonheur !

Avant d’aller faire un tour à la foire, je passai à la boutique de fleurs pour dire à Agnès que je ne comptais pas honorer sa commission mais je tombai sur une autre vieille dame qui me dit être sa cousine.
Je lui expliquai mon dilemme.
- Je ne vous conseille pas de jouer un mauvais tour à Agnès, mon enfant. Elle n’est pas commode du tout et risquerait de vous prendre en grippe à jamais. Faites ce que vous avez promis et ne vous en faites pas. Kim a l’habitude, elle ne le prendra pas mal.
Agatha était très gentille et me fit à son tour une remise de 25% sur toute sa boutique, afin de se faire pardonner, m’avoua-t-elle.

Je traversai alors la place pour transmettre le message d’Agnès à Kim qui ne le prit finalement pas si mal que ça, comme l’avait prévu Agatha.
- Quelle vieille bique, maugréa-t-elle.
Heureusement, cela n’entacha pas notre amitié naissante et elle accepta même de me faire elle aussi une ristourne sur les produits de l’épicerie.

J’avais prévenu mes amies Stéphanie et Elsa que je me rendais à Henford et elles me rejoignirent, ravies, au pub du village vers onze heures, comme convenu. Elles n’avaient jamais vu de foire au bétail, tout comme moi d’ailleurs, et c’était l’occasion de nous revoir et de partager un bon moment dans un endroit convivial.

Nous y fîmes la connaissance de Sara Scott, la mixologue et propriétaire du pub. Cette femme était d’une gentillesse incroyable et elle nous apprit beaucoup de choses sur le village. Stéphanie, qui avait passé toute son enfance dans le village, avait même connu les parents de la jeune femme.

Les petites anecdotes fusèrent donc et Sara rit beaucoup avec nous. Elle nous offrit même la dernière tournée de bières. C’était surprenant de constater combien les habitants de Henford liaient facilement des amitiés avec autrui.
Et dire que je n’y avais jamais mis les pieds en pensant que ce village n’avait pas grand intérêt. Je me trompais lourdement.
Nous finîmes nos verres, remerciâmes Sara puis nous dirigeâmes vers la foire qui se tenait sur la place.

Lorsque je revins à la maison avec notre vache, Yvon venait de terminer son abri et avait fait le plein de foin. Je lui sautai au cou.
- Tu es le meilleur, mon amour !

Mon mari était d’humeur coquine et il me tira par le bras :
- Viens ma chérie ! Le foin est tout frais !
- Et la vache ?
- Elle broute. Elle ne fera même pas attention à nous !

Je fis bien de suivre mon petit mari chéri dans son délire car nous nous sommes amusés comme des petits fous.

La vache n’était pas venue nous déranger et cela faisait longtemps que nous n’avions pas autant d’audace et ri autant tous les deux. Depuis la benne à ordures, je crois bien...

Après notre partie de jambes en l'air champêtres, je m’employai à traire notre bovin. Son ancien propriétaire n’avait pas eu le temps de le faire le matin-même et il m’avait conseillé de le faire sans tarder. Cette petite traite me donna l’équivalent de six bouteilles de lait. J’étais ravie.

En fin de soirée, je fis un aller-retour rapide au pub pour apporter à Sara quelques ingrédients qu’elle m’avait demandés aux fins de concocter une nouvelle boisson pour ses clients à base de baies et notamment de framboises, puis je rejoins ma famille.

Ils étaient tous au salon à discuter à bâtons rompus d’un certain Rahul. Thérèse affrontait les taquineries de son frère et de son père qui se moquaient gentiment de son attachement pour ce garçon.
- Mais n’importe quoi ! Je n’ai jamais dit que j’étais amoureuse. Il est gentil, c’est tout !

J’aurais bien voulu venir à son secours mais mon téléphone vibra et je répondis à Sara qui était tellement satisfaite de la fraîcheur des produits que je lui avais apportés qu’elle s’était attelée immédiatement à la réalisation de sa nouvelle boisson. Elle me demandait de passer la voir le lendemain afin que je puisse lui donner mon avis sur le nectar avant de le mettre à la vente.

Le lendemain était le jour de la fête des récoltes.

La fête se passa très bien mais il n’y eut pas cette année de grand repas, ni d’invitations.

Nous avions trop de travail à la ferme.

Après le chien, le chat, les insectes, les abeilles, la vache et les plantes, il fallait maintenant s’occuper de trois poules, deux poussins et un coq ! Yvon avait terminé le poulailler et était allé acheter les volailles au petit matin. Nous n’étions pas trop de quatre à la maison pour gérer tout ça ! Enfin... trois et demi car Mathurin partageait son temps avec son ordinateur.

Thérèse avait nommé chacune des volailles. Il y avait Noirette, Blanchette et Brunette. Leurs prénoms correspondaient bien sûr à leur couleur de plumes. Le coq noir s’appelait donc Noiraud. Pour les poussins, elles les avaient nommés Nuggets et Poulette.

Notre fille s’épanouissait à vue d’œil au contact de tous ces animaux. Bien sûr, Tessie restait sa préférée mais elle dispensait ses câlins à toutes ces petites bêtes si naturellement que nous savions qu’elle serait parfaite pour reprendre le flambeau, le moment venu.

Tessie était venu faire la curieuse et saluer ses nouvelles copines lorsqu’elles étaient arrivées. En espérant que la cohabitation se passe bien.

Notre vache, que Thérèse avait appelée Marguerite, fit, quant à elle la connaissance de ses trois voisines : Gloutonne, Goinfrette et Voracia. Thérèse s’était bien amusée pour leur attribuer des prénoms.

Elle fit à son tour connaissance avec les pis de Marguerite. Il fallait que tout le monde mette la main à la pâte.

Cela me convenait parfaitement car je pouvais continuer à pétiller grâce à son aide précieuse.

Thérèse passait beaucoup de temps auprès de sa vache et en prenait grand soin.

Elle la bichonnait et lui faisait plein de câlins, ce que personnellement, je n’avais pas le temps de faire.

J’emmenai ma fille cet après-midi-là à Henford. Je la chargeai de faire les courses pendant que je me rendais au pub pour voir Sara. Je vis avec plaisir que Thérèse discutait déjà avec Kim et une autre femme dont elle me dira plus tard qu’elle était le maire du village.

Sara était impatiente de me faire déguster sa nouvelle préparation. Elle sortit son shaker dès qu’elle me vit arriver.

La boisson était rafraîchissante et avait un heureux goût acidulé de framboises.
- Alors ? Qu’est-ce que tu en dis ? me demanda-t-elle, inquiète, en voyant que je ne réagissais pas.

- Elle est délicieuse ! Honnêtement, j’en reprendrais bien une deuxième !
- Ouf, je suis soulagée. Je vais pouvoir la mettre en vente. Enfin, je ne sais pas... J’ai une autre idée en tête et j’aimerais que tu me dises laquelle de mes deux boissons conviendrait le mieux pour la vente. Tu pourrais aller me récupérer un ou deux ingrédients et j’aurais besoin que tu sois encore mon cobaye.

Pendant que je discutais avec Sara, Thérèse finissait de faire les courses.


Lorsque nous rentrâmes à la ferme, nous eûmes beaucoup de peine à reconnaître Cahouète tant son pelage était devenu tout blanc.

Je fis ni une, ni deux et l’emmenai directement à la clinique vétérinaire. Mathurin m’accompagna. Il était très inquiet pour son chat.

Il ne le quitta pas des yeux jusqu’à l’arrivée du vétérinaire tandis que je discutais avec une dame qui venait pour la première fois et s’enquérait de mon ressenti sur la clinique.
Il y avait beaucoup de monde ce soir-là et nous n’étions pas près de rentrer.

Lorsque ce fut à notre tour, le stress de Mathurin était à son comble. J’avais beau faire pour le rassurer, rien n’y faisait. Pourtant, le vétérinaire était très doux avec son chat.

L’examen terminé, et après une injection une nouvelle fois au prix exorbitant, Cahouète ressortit de là complètement requinqué.

Nous rentrâmes fort tard mais il fallut s’occuper du jardin et des insectes. Les volailles et la vache dormaient déjà.

Même Mathurin apporta sa contribution. Il était tellement soulagé pour Cahouète que nous n’eûmes même pas à lui demander de l’aide.

Les hommes s’occupèrent donc des insectes tandis que Thérèse et moi nous attaquâmes au jardin.

Pendant ce temps, le chat de la maison veillait sur le sommeil des poules.

Nous mangeâmes ensuite rapidement et nous installâmes tranquillement pour la soirée. Yvon et Mathurin regardèrent un film à la télévision tandis que je tricotais et que Thérèse s’essayait au point de croix sur les conseils d’Agatha, la fleuriste. Thérèse avait été tentée par le cercle à broder et n’avait pu résister à l’envie de l’acheter.

Le lendemain matin, Yvon avait dû chasser Cahouète du poulailler car il se faisait un plaisir de manger la nourriture des poules et de jouer avec.

Il avait ainsi déterré une pièce d’amélioration commune et une pièce d’amélioration électronique, pour le plus grand bonheur de mon mari mais il ne fallait pas non plus que les poules manquent de nourriture.

Mathurin vint avec moi dans la matinée pour apporter à Sara, les produits dont elle avait besoin pour sa deuxième boisson. Nous la testâmes directement, mon fils et moi. Mathurin n’en était pas friand et je confirmai à Sara que sa boisson de la veille était bien supérieure à celle-ci.

J’allai ensuite retrouver Agnès Ladentelle pour lui confirmer que j’avais bien transmis son message à Kim et je lui apportai également le lait qu’elle m’avait demandé.
Elle était ravie :
- J’espère que cette petite coquette se tiendra mieux dorénavant.

- Merci pour le lait, Capucine ! Vous êtes adorable. Je crois aussi que vous êtes la seule personne qui ait mon amitié dans ce village.

Ce soir-là, Tessie nous fit ses adieux.

C’est Thérèse qui la découvrit la première et elle s’effondra en larmes.

Alertés par ses pleurs, nous nous retrouvâmes tous auprès de notre pauvre chienne, aussi accablés que Thérèse.

Notre fille avait du mal à se remettre de la perte de Tessie. Elle la considérait comme sa chienne depuis qu’elle était bambinette et elle n’acceptait pas sa mort. Alors elle courait souvent pour oublier sa peine.

Elle nous déclara ne plus vouloir de chien, que c’était trop dur lorsqu’ils mouraient, et elle partit s’amuser avec Marguerite.

Elle reporta sur elle toute l’affection qu’elle avait pour Tessie, et cela lui permit de se sentir mieux à mesure que les jours passaient.

Le jardinage aussi était un exutoire à sa douleur...

... de même que ses réunions de scouts.

Pendant qu’elle s’y rendait, Mathurin, lui, invitait ses copains à la maison. Ce jour-là, c’est Armand Petit qui l’avait rejoint. Ils avaient prévu de se faire une partie endiablée de je ne sais plus quel jeu sur l’ordinateur. Tout cela me dépassait un peu...

Après la réunion de scouts de Thérèse, toute la famille se rendit à la foire aux volailles de Finchwick pour soutenir notre fille qui avait choisi de participer. Elle avait emmené Blanchette avec elle, l’une de nos poules, ainsi qu’un œuf blanc.
La tension était à son comble lorsque le maire se pencha sur Blanchette. Thérèse avait déjà discuté avec elle mais cela ne l’empêchait pas d’être impressionnée.

Madame le Maire détendit l’atmosphère en offrant un petit cadeau à Thérèse.

Elle lui expliqua que cette tradition amicale existait dans la communauté d’Henford depuis une centaine d’année et qu’il était appréciable de la faire perdurer.
Thérèse promit de trouver un habitant pour lui offrir à son tour un cadeau.
- Ça ne veut pas dire que je ferai du favoritisme...
- Bien sûr , Madame.

L’élue sortit alors un carnet et se mit à noter ses observations concernant Blanchette mais, loin d’être tendue comme précédemment, je vis que notre fille semblait avoir remarqué quelque chose derrière nous et son regard ne s’en détachait pas.
Elle laissa poliment Madame le maire terminer ses annotations puis elle partit en courant.

Je la vis s’approcher d’un jeune homme qui devait être à peine plus vieux qu’elle. Il avait l’air aussi content de la voir qu’elle l’était. Yvon et moi supposâmes qu’il s’agissait de Rahul.

- Tu as pu venir ? C’est génial ! J’avais peur que tu ne puisses pas avec tes livraisons.
- Je t’avais dit que je me débrouillerai pour venir. Tu me fais voir ton œuf ?

Thérèse conduisit Rahul jusqu’aux stands d’exposition.
- Oh non ! Quelqu’un a mis un œuf vert !
- Mais ce n’est pas grave...

- Mais si ! Mon œuf blanc n’a aucune chance face à un concurrent vert !
- Et alors ? Est-ce si important ? Le principal est de participer. Et puis ton œuf est très beau.

- Merci... C’est mon premier concours et je suis un peu sur les nerfs.
- Essaye de t’amuser, cette foire est faite pour ça. Il va falloir que je rentre maintenant. Tu m’appelles pour me dire quels ont été les résultats ?
- Bien sûr.

- A bientôt, Thérèse. Je suis content de t’avoir vue.
- Moi aussi.
Notre fille regarda le jeune homme s’éloigner avec un sourire béat sur les lèvres. Yvon et moi nous amusions en l’observant. Pas de doute, elle était sous le charme de cet adolescent.
Puis soudain, elle se mit à lui courir après.

- Attends ! J’ai quelque chose pour toi ! Tu veux bien être mon ami de cadeau ?
- Oh mais oui ! Avec plaisir.

Thérèse ne remporta aucun concours.
Pendant ce temps, Mathurin s’était réfugié au pub. Il y avait passé une partie de l’après-midi à discuter avec les habitants d’Henford et les touristes de passage.

Nous rentrâmes à la maison, heureux. Nous avions tous passé une belle journée, chacun à notre façon. Nous étions à la fin de l’automne. Nous avions perdu Tessie, notre ferme avait diversifié son activité, les enfants avaient déjà une idée de ce que serait leur avenir et Thérèse était amoureuse... du moins, le supposions-nous.
Quant à Yvon et moi, nous nous aimions encore comme au premier jour.

Bonus :
La bâtisse au dernier jour de l’automne, ainsi que ses annexes :



