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  • Photo du rédacteurNathalie986

Chapitre 4 - Une morsure et un regard

Cendre et la Vallée Oubliée


Le Comte la conduisit jusqu’au manoir. Ils empruntèrent une porte dérobée qui se trouvait dans le salon et qu’elle n’avait encore jamais vue jusque-là.

- Bienvenue dans ma crypte, Demoiselle Vatore. J’espère que vous vous y sentirez bien.


Bien ?... Il devait plaisanter. Les cercueils faisaient ici office de mobilier... Les choses sérieuses allaient donc commencer... Peut-être lui sauterait-il dessus sans qu’elle ne le vit venir...

Cendre regarda le Comte. Elle était terrifiée et se demandait ce qui allait maintenant se passer.


- Allons-nous asseoir. Nous serons plus à l’aise pour parler. Il faut que je vous explique ce que j’attends de vous et ce que toute la communauté vampire attend de vous. Ce sera ensuite votre dernière chance de vous dédire mais vous le ferez en connaissance de cause.


Elle s’était alors assise, rassurée ; le Comte lui offrait une autre chance de refuser ce pacte effroyable.

Il commença alors à énumérer les points essentiels de celui-ci...


Tout cela lui paraissait irréel... Pourtant, le Comte était très sérieux. Avait-il parlé de descendance ? d’enfants qu’il faudrait occire s’ils n’étaient pas humains ? Avait-il réellement parlé de tout cela ?


Cendre avait écouté attentivement tous les propos de Vladislaus Straud le quatrième, et elle était horrifiée. Il parlait de garde-manger, de pères humains procréateurs et puis d’autres humains qu’il faudrait tuer tandis que d’autres seraient transformés...


Elle nageait en plein cauchemar et sombrait dans les abîmes d’un océan sans fond.

Le Comte continuait à lui décrire toutes ces choses horribles qu’elle aurait à faire si elle acceptait de devenir Maîtresse Vampire. Son regard était impassible. Aucune émotion ne s’en dégageait. Elle frissonna...


Tout cela pour quoi finalement ? Tout ce carnage à venir... Et pour en arriver où ?... Pour finalement épouser le Comte quelques années plus tard ? Celui-là même qui m’aura conduite à accomplir des choses terribles ?

Il faudrait être folle pour consentir à un tel pacte.


Le Comte sembla s’apercevoir de son trouble et coupa court en lui disant que Lilith viendrait la retrouver dans sa chambre en vue de la préparer à la cérémonie de transformation. Si elle ne souhaitait plus y participer, elle devrait en faire part à cette dernière.

Il lui assura aussi, qu’une fois transformée, toutes les craintes qui la rongeaient en ce moment-même, n’auraient plus aucune raison d’être.


Cendre s’était alors levée. Elle n’avait pas dit grand-chose depuis le début de son entretien avec le comte mais elle réussit tout de même à articuler quelques mots.

- Vous serez très vite informé de ma décision, Monsieur le Comte.

Et elle s’empressa de rejoindre les étages pour retrouver Lilith.


- Ce n’était pas censé se passer comme ça ! Le Comte ne devait t’exposer le détail de tes missions qu’après la transformation ! Je me demande ce qui lui a pris...

Lilith était blême de rage. Mais elle se calma en réalisant que Cendre était encore choquée par ce qu’elle avait dû entendre.

- Que vas-tu faire maintenant ?


Cendre lui répondit d’une voix éteinte :

- Ces missions, comme tu les appelles, sont au-dessus de mes forces. Jamais je ne pourrais prendre la vie d’innocents, comme ça, gratuitement. Je ne peux pas, Lilith...


- Lorsque tu seras vampire, tu n’auras aucune considération pour ce genre de détails, crois-moi ! Le comte ne te l’a pas dit ?


- Des détails, dis-tu ? Mais ils n’en sont pas pour moi !


- Cendre... Tu ne le sais peut-être pas, ou alors tu as du mal à l’accepter, mais je suis ton amie. Si tu viens à refuser ce pacte, tu seras livrée en pâture aux vampires. Je ne suis pas sûre que tu aies envie de ça.


Elles restèrent alors un moment à discuter. Cendre avançait ces arguments tandis que Lilith les contrait tous avec une logique bien à elle mais elle acheva de persuader son amie d’accepter la transformation.

Cendre repensa alors à cette potion guérisseuse. Oui, elle accepterait le pacte mais ne s’avouerait jamais vaincue et redeviendrait humaine. Un jour... Peu importe le temps qu’il faudrait.


Lilith l’avait alors aidée à s’habiller d’une robe corsetée dans laquelle elle se sentait oppressée.

- Le Comte l’a choisie pour toi.

- Et je devrais me sentir flattée ?

Sa nouvelle amie improbable avait elle aussi revêtu une robe de soirée mais, également sa forme sombre, ce qui surprit Cendre, qui ne s’y pas du tout préparée.


- Je t’avais dit que tu la verrais un jour ! Et bien, c’est aujourd’hui. Tous les vampires présents auront leurs véritables apparences ce soir. En ton honneur, Cendre !


Cendre ne partageait pas du tout l’excitation de Lilith.

- Et je devrais me sentir flattée, c’est ça ?

Elle respira un grand coup avant de s’apprêter à descendre l’escalier qui la mènerait sûrement à sa perte.


En longeant le corridor, elle entendit des bruits de conversations en provenance du salon. Le Comte et Caleb étaient en grande discussion avec deux inconnus, vampires tout comme eux.


L’un des deux leva la tête vers elle et leurs regards se croisèrent immédiatement. Quelque chose se passa, une chose qu’elle ne saurait décrire, comme si le regard de ce vampire balafré avait pénétré les tréfonds de son âme. Elle tourna la tête.


- Il faudrait qu’on y aille, Cendre

- Qui sont ces deux-là ?

- Celui qui porte un gilet est Lucas Lestat, le Duc de Riverview, et à sa droite, c’est Timothée Renard, le Vidame de Montsimpa. Ce sont tous deux de vieux amis du Comte. Il les a invités pour ta transformation.


Cendre se dirigea vers les escaliers.

- Allons-y, ne faisons pas attendre ces messieurs. J’ai hâte d’en finir avec tout ça !


Le comte avait alors présenté brièvement Cendre à ses invités puis tous s’étaient assis dans le petit salon où l’agencement des meubles avait dû être repensé pour l’occasion. Tous, sauf elle.


Elle avait été priée de rester debout et d’annoncer devant les personnes présentes sa décision d’être transformée, décision prise en toute connaissance de ses obligations à venir, ni sous la contrainte, ni sous la menace, ni sous état hypnotique.


C’était la condition sine qua non pour qu’elle puisse être reconnue plus tard Maîtresse Vampire par la communauté de la Vallée.

Cendre improvisa donc un petit discours pour déclarer qu’elle acceptait son futur rôle et que rien, ni personne, ne l’y avait forcée.


Tout se passa ensuite très vite. Vladislaus Straud avait surgi derrière l’humaine et avait saisi sa gorge. Lilith paraissait complètement excitée et le Vidame de Montsimpa observait la scène avec grand intérêt.


Caleb lui lança un petit sourire d’encouragement tandis que le Duc de Riverview capta une nouvelle fois son regard.


Lorsque le Comte planta ses canines dans sa nuque, elle se retint de hurler. Il lui était impensable de donner à cette assemblée de vampires, la satisfaction de la voir s’époumoner de douleur. Un petit cri malheureux s’échappa tout de même de ses lèvres, bien malgré elle.


Lucas Lestat avait toujours les yeux rivés sur elle tandis que Cendre fermait les siens en espérant que sa souffrance allait s’atténuer.


Lorsqu’elle les rouvrit, le Duc était devant elle en train de presser le Comte d’arrêter de boire, sous peine de la voir mourir.

- Ou vous pourrez dire adieu à votre maîtresse vampire, mon ami.

Tous savaient que le Duc était la seule personne dans le salon qui pouvait se permettre d’interrompre ainsi le Comte Vladislaus Straud, quatrième du nom.


Et tandis qu’il s’adressait au Comte, Lucas Lestat ne cessait de la dévisager doucement.

Son regard l’apaisa. Tout se passerait bien, elle en était persuadée.


Vladislaus sembla entendre la demande de Lestat car il se retira immédiatement, au grand soulagement de Cendre qui se sentait de plus en plus faible.


Le Comte entailla alors son propre poignet puis le lui présenta. La seule idée de devoir boire le sang du vampire la répugnait mais elle n’était pas sans ignorer que cela faisait partie du rituel et qu’elle ne pourrait s’y soustraire.


Une nouvelle fois, le regard de Lestat se posa sur elle et l’emplit de courage. Elle se saisit alors du poignet comtal et entreprit d’y boire.


Lorsque Vladislaus lui intima l’ordre de s’arrêter, elle se redressa et se tordit soudainement sous les violentes contractions de son estomac.

- « Mais qu’est-ce que j’ai ? », gémit-elle


- Ne vous en faites pas. Cela va passer dans une seconde.

Caleb avait applaudi. Il semblait sincèrement heureux.

- Tu seras bientôt des nôtres, Cendre ! Voilà ce que tu as.


Le Comte, impassible, avait rejoint son fauteuil. Il s’adressa à elle :

- Vous allez pouvoir rentrer chez vous maintenant, Demoiselle Valrose. La transformation n’aura lieu que dans deux ou trois jours. C’est différent selon les humains. Ensuite, nous nous reverrons.


Cendre n’était pas très rassurée :

- Vous me renvoyez chez moi ? Mais que ferais-je une fois transformée ? Que devrais-je faire ?


- Votre question est légitime et surtout, très pertinente.

Vous rentrez chez vous, oui, mais vous serez accompagnée. Le Duc de Riverview, ici présent, sera à vos côtés durant la transition. Il se chargera de veiller sur votre santé et de vous informer plus en détails sur les tâches qui attendent une future Maîtresse Vampire.

Le duc, apparemment surpris, s’exprima alors :

- Vladislaus, vous me faites là un véritable honneur mais ne croyez-vous pas que Monsieur Vatore serait plus à même de mener cette mission ? Il connait Mademoiselle Valrose tandis que je l’entrevois à peine.


- Ne m’offensez pas, Lucas, je vous en saurai gré.

Puis il se tourna vers Cendre.

- Je disais donc que le Duc de Riverview resterait à vos côtés afin de veiller à ce que votre transition se passe bien.

Cendre jeta un œil vers Lestat et Caleb. Les deux hommes semblaient déçus par la décision du Comte.


Mais cette décision fut sans appel.

Cendre quitta donc le manoir avec Lucas Lestat. Le comte les accompagna jusqu’au perron.

- Prenez-soin d’elle, mon ami.

- Comptez sur moi, Vladislaus.


- Allons-y, Mademoiselle Valrose. Je suis votre chevalier servant pour les deux ou trois jours à venir.


Arrivés sur la place, Lestat se tourna vers elle.

- Il va encore geler cette nuit, je vous invite à partager ma demeure. Nous ne voudrions pas que vous attrapiez froid, n’est-ce pas ?

Il la conduisit alors jusqu’à cette petite maison rouge qui se trouvait de l’autre côté de la place, cette maison derrière laquelle elle récoltait son ail. Il ouvrit la porte et la fit entrer.




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